Édito de juin

Canicule, c’est à près le seul mot qui me vient en tête, alors que j’entame cet édito de juin. Chaleur extrême qui m’a clouée dans la paresse au point de ne pas écrire, avec pour seule consolation- – vous avez là une preuve ce ma mauvaise nature – lire que sur la Côte d’Azur il faisait chaud, mais moins chaud qu’ailleurs ! Eh bien, une mauvaise pensée mérite toujours punition et c’est à Nice, aujourd’hui qu’il fait le plus chaud, enfin en chaleur ressentie par ma pomme !

Je tape pourtant sur mon clavier, la clim à fond – tant pis pour l’écologie — pour essayer de survoler l’actualité, mais rien n’émerge de ma matière grise, liquéfiée comme le reste !

Et pourtant ma région, que mon grand âge m’amène à quitter de moins en moins, regorge d’expositions, Miro à la Fondation Maeght, Arman à Vence, Salvatore Dali au Grimaldi Forum et dans le cadre de Nice 2019, L’odyssée du cinéma, une multitude d’expositions, dont la plus marquante est au MAMAC « Le diable au corps, quand l’Op Art électrise le cinéma », la plus rigolote au 109 « Ben : la vie est un film » et la plus touchante au Musée Matisse « André Ostier, portraits d’artistes », et bien d’autres encore… Si cette profusion d’événements artistiques a capté mon regard, elle n’a pas encore fait naître en moi un épanchement épistolaire, peut-être par ce trop plein d’événements ou alors à cause de cette paresse que j’évoquais précédemment.

Mais puisque d’art il est question et que quiconque peut constater combien il est vivant à Nice, pourquoi, nous enlève-ton ces deux belles galeries du bord de mer, les Ponchettes et La Marine, qui ont accueilli entre leurs murs, tant d’événements historiques et contemporains ? Je ne peux que m’émerveiller en feuilletant le petit catalogue vert de l’exposition « Pop Art Américain d’aujourd’hui », Galerie d’art contemporain des Musées de Nice que nous appelions la GAC et qui a perdu son nom au profit de La Marine, qui vient de couler dernièrement !

Qu’en disait Claude Fournet, alors Directeur et Conservateur des Musées de Nice et Commissaire de l’exposition, le 9 novembre 1979 : « Le Pop Art Américain à Nice, pourquoi ? Parce qu’il nous semble qu’une certaine similitude se dégage, à vingt ans de distance, entre l’aventure américaine (dont nous présentons ici une version uniquement new-yorkaise et contemporaine) et ces vingt dernières années françaises, parfois niçoises, au travers des « Nouveaux Réalistes » (qui furent et sont encore par quelque permanence des Niçois occasionnels). (…). Il (le Pop Art Américain, N.D.R.L) donne à voir à sa mesure qui est la mesure américaine : en larges dimensions. D’où ces neuf icônes majeures de neuf peintres qui passent pour les grands adultes de ce temps. » De quoi rêver quand on lit leurs noms : Jim Dine, Jasper Johns, Roy Lichtenstein, Claes Oldenburg, Robert Rauschenberg, James Rosenquist, George Segal, Andy Warhol, Tom Wesselman !

Les temps ont bien changé et la plupart de ces grands artistes n’est plus. On a un peu oublié Claude Fournet, pourtant toujours parmi nous, qui fut le créateur du MAMAC et l’artisan de sa collection américaine avec l’aide de Léo Castelli. Je leur dois, ainsi qu’à Ben, mon amour pour l’art contemporain.

Monsieur le Maire, que ces souvenirs ne résonnent pas à vos oreilles comme des reproches, car vous avez fait de Nice une ville magnifiquement moderne. La station Alsace-Lorraine de la ligne 2 du tramway est belle comme une cathédrale et vous vaudra largement une réélection, mais n’oubliez pas l’histoire artistique de notre ville ainsi que son riche présent. Ils sont, avec son architecture nouvelle, le fruit de ces artistes qui ont inventé en leur temps et qui aujourd’hui, innovent toujours. Ce sont eux que les générations futures retiendront et non leurs pâles copies …

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