Lu dans la newsletter de BEN
Puisque Ben nous envoie par voie de newsletter ce mot amical de Ghislain Mollet-Vieille, je me suis autorisée à le reproduire dans mon bloc-notes car je le trouve d’une sagesse et d’une actualité cuisantes. Il serait bon d’avoir un peu de mémoire et ne pas penser, constamment, qu’on vient de découvrir la lune, puisque c’est déjà fait !
REÇU DE Ghislain Mollet-Vieille, Agent d’art, Expert-conseil
Expert honoraire près la Cour d’Appel
Membre de l’Association Internationale des
Critiques d’Art
Après toi qui a présenté « ne rien faire » en 1961, j’ai fait l’apologie de la paresse avec mes annonces « I have nothing to show and I’m showing it » (1985). Une annonce d’exposition qui a inspiré deux jeunes artistes : Stéphane Dwerniki et Domique Foucault.
J’ai juste mentionné leur nom dans l’affiche des galeries avec des dates d’exposition mais ils n’exposaient rien.
Dans le communiqué que j’envoyais au milieu de l’art, il était précisé que « rien montrer » ne signifie absolument pas exposer un vide car à leurs yeux c’étaient encore trop. Ces deux artistes ne montraient même pas qu’ils ne faisaient rien (on ne les voyait pas en train de se prélasser dans un canapé), ils ne faisaient qu’en informer le milieu de l’art.
Une information qui devait idéalement témoigner de ce qu’ils appelaient « ne rien faire » et donner ainsi le moyen d’en faire l’expérience. Une expérience que, eux faisaient mais que nous faisions également puisqu’il n’y avait rien à voir dans cette exposition.
«Ne rien faire était une façon d’être en position critique vis à vis de la surproduction en général. Et le fait de ne rien montrer, dénonçait non seulement le fétichisme de l’objet d’art et de tous les vieux mythes qui s’y rattachent mais aussi le culte du travail et du rendement à tout prix auxquels nous voulions nous opposer.
Je posais alors la question : Quel est l’avenir d’un art où il n’y aurait plus rien à voir ?
Amitiés,
Ghislain