Balade niçoise, deuxième volet ou le mystère du passage Merlanzone.
Il était enfin fini, ce papier sur le deuxième volet de ma balade niçoise évoquant les lieux que j’aime et dont j’ai eu envie de partager les charmes avec vous. Il était, je crois, léger et amical, à l’image de ce quartier du centre, plus axé sur un commerce de proximité, une convivialité que sur l’image d’un Nice de carte postale pour touristes en mal de pittoresque… Mais c’était sans compter sur ce terrible 14 juillet où de Magnan à Masséna, en quelques minutes, juste le temps que s’éteignent les couleurs incandescentes du feu d’artifice, il a basculé en une scène d’horreur absolue.
Il y aura dorénavant un avant et un après le 14 juillet 2016 à Nice et des personnes, des rues, des lieux porteront longtemps les stigmates de cette abominable tuerie.
Lisez donc les lignes qui suivent comme la commémoration d’une insouciance aujourd’hui perdue puisque, même sous le soleil, le malheur peut arriver, mais n’y voyez pas que du désespoir car nous avons, nous Niçois, encore une belle réserve de soleil pour faire briller nos lendemains !
Balade niçoise, deuxième volet ou le mystère du passage Merlanzone.
Ce qui devait être une visite rapide de Nice et de ses quartiers, en commençant par celui qui est le mien depuis mes vingt-trois ans, le quartier des Musiciens (pour les noms donnés à certaines de ses rues) élargi, grosso modo, à la promenade des Anglais au sud et à la place Masséna, a subi un gros retard que je rattrape aujourd’hui.
Le premier volet ayant consisté à honorer un musée essentiellement niçois, la Villa Masséna, m’a demandé plus de temps que prévu, de par un léger balayage de son histoire et surtout par l’évocation d’une bouleversante exposition qui s’est tenue en ses murs, je parle de Charlotte Salomon, Vie ? Ou Théâtre ?, maintenant terminée. L’idée initiale de cette promenade était de parler des lieux que j’aime et des gens qui les animent et non, vous vous en doutez, de jouer les guides de l’été.
Premier volet, donc, le musée Masséna, mais je dois, pour le second, justifier son sous-titre qui je l’espère vous interroge déjà, comme risque de vous surprendre le passage Merlanzone !
Comment expliquer que cette ville dont les rues du centre sont globalement tirées au cordeau, ait pu laisser vivre, pour mon plus grand bonheur et celui de quelques amis, cette petite ruelle qui serpente entre les dos de beaux immeubles et de petits cabanons, de la gare jusqu’à la mer où hélas une bâtisse sans intérêt l’empêche d’arriver à la promenade des Anglais.
On les imagine, ces Anglais, pas ceux du Brexit, mais ceux qui eurent le bon goût de prendre villégiature sur nos rives, descendre de la gare en calèche par cette petite venelle sinuant entre champs et fermettes, pour atteindre au plus vite leur Méditerranée bien-aimée !
Moins poétiquement, elle n’offre aujourd’hui qu’une halte à ceux qui ne savent pas élever leurs chiens ou se prennent eux-mêmes pour des animaux, mais la ville, par un arrosage parfois biquotidien, offre aux passants la faculté d’y respirer correctement. Pour conserver au passage Merlanzone tout son charme, je vous ai un peu menti car de ruelle il devient rue sous le nom de Hérold (sans aucun à propos), pour déboucher sur la gare…
Puisque j’ai évoqué la promenade des Anglais, c’est du Sporting, la plage qui est la mienne (on dit ça, à Nice, je vais à ma plage) et de leurs propriétaires, André et Michaëla Doux, que je vais vous parler.
Deux tendances se dessinent pour mes lieux de prédilection : les Anciens et les Nouveaux… Les Doux font partie des Anciens. Ils ont ouvert la plage en 1982, mais Michaëla est fille de plagiste ; son père en exploitait une au Cros-de-Cagnes. André, lui, est un ancien grand skieur, vainqueur du Challenge des Moniteurs et aujourd’hui plus amoureux des gros cigares que des bâtons de ski ! Pourquoi ai-je choisi le Sporting parmi les plages de la Promenade : parce que c’est la meilleure, ai-je envie de dire, mais en allant plus avant dans le détail, pour l’agencement et le choix élégant de son mobilier : les matelas y sont confortables et espacés ; le coin lounge est chaleureux et les mojitos y sont… révolutionnaires ! Pour sa clientèle, recherchée côté niçois et chic côté étranger et enfin, pour sa table ! La carte est simple, mais les plats sont parfaitement concoctés et bien présentés. Dernier souvenir en date, un loup digne d’une grande table et plus modestement, une salade César exquise, servis avec attention et chaleur !*
Autre Ancien de mon cœur, l’hôtel Windsor et son jardin extraordinaire (ça se chante). Odile Redolfi a repris l’affaire de ses parents et de son oncle Bernard qui a créé, en 1989, le concept Chambres d’artistes, cet heureux mariage entre vieilles pierres et création contemporaine. Comme le dit son actuelle propriétaire, « créer un lieu de contraste dans le respect d’une tradition authentique et ouvrir une fenêtre sur l’art d’aujourd’hui ». Depuis 2004, Odile a accru cette présence contemporaine, avec 31 chambres conçues par des plasticiens sur les 57 que compte l’hôtel. Elle a aussi développé le côté tropical du jardin, qui accueille les œuvres de Mauro Benetti (La Luna) et de Philipe Roubaud/Cynthia Lesmele (La Chambre des oiseaux).
Dernière manifestation contemporaine du Windsor, le Festival Ovni, créé en 2015, qui a accueilli pendant trois jours dans plusieurs chambres des vidéos d’artistes locaux et internationaux (voir l’article sur mon blog) et qui se renouvellera en 2016. Objectif Vidéo Nice, Festival d’art vidéo, du 30 novembre au 4 décembre 2016.
Désert est la boutique où j’aime aller depuis plusieurs années. Une fidélité qui grandit avec le temps, preuve d’un heureux mariage avec des marques, Jérôme Dreyfuss, Isabel Marant, Vanessa Bruno, Marc by marc Jacobs, Forte_ Forte… Mais une adhésion tout aussi grande à Françoise Schapira, sa propriétaire (invisible, mais toujours là, d’où la qualité des choix) et avec ses vendeuses, aussi belles qu’agréablement patientes.*
Chez Les Fleuristes, toute la famille d’Alexandre est fleuriste et la relève est là ! Il dit : « J’aime la fleur sous toute ses formes, naturelle, factice, en essence, en décoration… Pas de cloisonnements ni de hiérarchie.» Moi, j’y vais comme on fait son marché, pour un bouquet maison, pour un cadeau, pour ses bougies, ses vases… C’est beau, ça sent bon et on est merveilleusement bien reçu. Les bouquets cadeaux sont sublimes par le choix des fleurs comme par les papiers qui les emballent. Je le suis chaque fois, moi aussi !*
Passons aux Nouveaux maintenant ; ils sont excellents, pleins d’enthousiasme, et méritent eux aussi qu’on devienne accro aux bonheurs qu’ils nous proposent !
Absolu Spa est mon havre de paix, le lieu où je me ressource, duquel je sors poncée, massée, vernie des pieds aux mains, neuve en quelque sorte !
Laure Chaleac a repris depuis quatre ans ce salon de soins esthétiques pour transformer ses 300 mètres carrés, avec un jardin en prime, en un lieu exceptionnel où se croisent (sans vraiment se voir, Laure y tient pour la confidentialité) une clientèle urbaine mais aussi étrangère, auxquelles elle offre massages, hammam traditionnel privatisé, balnéothérapie, etc., plus une gamme de produits de beauté haut de gamme. Si vous avez une idée préconçue sur les instituts de beauté, Laure va bouleverser vos a priori, comme elle a chamboulé les miens. Il y a chez cette jeune femme, mariée, mère de famille, une intelligence de l’accueil qui n’a rien à voir avec ce qu’on connaît. Est-ce parce qu’elle vient d’un tout autre monde que celui de l’esthétique ? Montpelliéraine, diplômée de Sud de Co., études comptables, audits, commissariats aux comptes, etc., sont ses bagages et ils ont de quoi surprendre, mais son désir d’aborder professionnellement le service lui donne ce qu’on pourrait appeler une diplomatie dans le contact, que ce soit auprès de ses clients comme avec son personnel. Laure a fait de ce salon un lieu rare !*
La Cave Rivoli a ouvert le 25 mars 2015. Céline, délicieuse blonde, frêle, mais énergique, a décidé, dans sa boutique mouchoir de poche, de mettre en valeur des vins français de toutes les régions et à tous les prix. Elle propose aussi une belle sélection de champagnes et de produits autres, une délicieuse huile d’olive ainsi qu’une large gamme de spiritueux… Peut-être est-ce parce que je rêve déjà de Cuba, mais je vous recommande ses rhums, pour leur goût et leur flaconnage ! J’oubliais : quand vous venez chercher votre incontournable bouteille d’un soir, de petits canapés de fromage vous accueillent, accompagnés d’un vin à déguster ! *
Sébastien a créé Le Canon en janvier 2014, transformant un petit resto de quartier qui avait comme principale qualité sa devanture en céramique des années 60, en un restaurant stylé, aux murs de pierre et au mobilier très graphique. Fils du propriétaire du Grain de Café, célèbre bar-restaurant ouvert depuis 1988, boulevard Félix-Faure et petit-fils du patron du Guet’s de l’avenue Cyrille-Besset, Sébastien a un incroyable réseau de petits producteurs de l’arrière-pays niçois sur lequel il s’appuie à 80 % pour proposer des plats aux saveurs naturelles et épurées, délicieusement surprenantes car presque oubliées, comme sa cervelle de l’Aveyron (à en perdre la vôtre !) ou encore cette fressure de chevreau en crépinette (recette corse). Le poisson est issu à 100% de la pêche niçoise ; les légumes et fruits, essentiellement de saison, sont du Broc, de Crémat, Gattières, Colomars, Saint-Pancrace, La Gaude ; on goûte des fromages 100% locaux venant d’Isola ou de La Brigue ; les volailles sont d’Utelle ou d’Entraunes ; le cochonnet de Saint-Vallier… C’est simple mais si rare, avec les produits du Canon on pourrait tracer la carte du Comté de Nice !
Si les plats sont raffinés et les produits exceptionnellement authentiques, il en va de même pour les vins. Ils sont essentiellement nature, c’est-à-dire cultivés et vinifiés naturellement ! Ils sont français, mais aussi italiens et espagnols. J’ai retenu Les vignes d’Olivier, un rouge et un rosé, venant de Montpellier, ou encore Domaine des Miroirs, un blanc du Jura travaillé par Kenjiro Kagami, un copain japonais du patron !
Au Canon on boit son vin à table mais on peut aussi l’acheter ! Sébastien est caviste et pratique le « droit de bouchon ».*
*Sporting Plage
25, promenade des Anglais – 06000 Nice – France
Tél : + 33 4 93 87 18
*Hôtel Windsor
11, rue Dalpozzo, 06000 Nice
Tél : + 33 4 93 88 59 35
*Désert
9, rue Alphonse-Karr, 06000 Nice
Tél : + 33 4 93 13 17 60
*Les Fleuristes
13, rue de Rivoli, 06000 Nice
Tél : + 33 4 93 82 43 40
*Absolu Spa
25, rue Meyerbeer, 06000 Nice
Tél : + 33 4 93 82 97 57
*Cave Rivoli
6, rue de Rivoli, 06000 Nice
Tél : + 33 4 93 91 09 16
*Le Canon
3, rue Meyerbeer, 06000 Nice
Tél : + 33 04 93 79 09 24