Chiara Mastroianni
Chiara Mastroianni

« Chambre 212 », de Christophe Honoré

Avec Chiara Mastroianni, Vincent Lacoste, Camille Cotin…

Le synopsis

Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision. Bien des personnages de sa vie ont une idée sur la question, et ils comptent le lui faire savoir.

Christophe Honoré se joue des genres et redistribue les cartes dans cette fable jubilatoire sur le couple, l’amour, l’infidélité et le temps. Le réalisateur n’a eu de cesse de brouiller les pistes depuis une vingtaine d’années et de revisiter à sa sauce les genres cinématographiques depuis «17 fois Cécile Cassard» en 2002 et «Les Chansons d’amour» en 2007.

Dans cette «Chambre 212», on retrouve des ambiances rappelant Bertrand Blier, des dialogues à la Resnais, des histoires de couples à la Truffaut teintées de la légèreté, des comédies de Jacques Demy, résonnant à travers des thèmes musicaux réunissant Aznavour, Vivaldi, Jean Ferrat ou The Rapture.

Chiara Mastroianni se délecte visiblement dans le rôle de Maria, professeure d’histoire mariée depuis vingt avec Richard (Benjamin Biolay). Elle multiplie les liaisons adultères, et ne se formalise guère de séduire ses jeunes étudiants. Lorsque son mari s’aperçoit enfin de son infortune, elle préfère quitter leur domicile du quartier Montparnasse pour aller passer la nuit dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face, le chiffre 212 se référant à l’article 212 du Code civil, les époux se devant mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. Elle va donc passer la nuit à observer son mari de la fenêtre d’en face. Histoire voyeuriste qui n’est pas sans rappeler des films aussi différents que « Fenêtre sur cour» (1954) d’Alfred Hitchcock» ou «Nous irons tous au paradis» (1977) d’Yves Robert avec Jean Rochefort qui ment à sa femme et prend une chambre d’hôtel en face du domicile pour la surveiller

Le film prend alors une autre direction en conjuguant vaudeville et fantaisie onirique, réunissant tous les hommes de la vie passée de Maria, dont Richard lui-même, mais jeune (Vincent Lacoste), à l’époque où ils se sont rencontrés. S’en suit une fine et drolatique analyse sur le temps qui passe, l’usure du couple, emplie de poésie, de mélancolie sans jamais assombrir le propos, dans un huis clos où se croisent l’enfant non désiré, sa mère puis sa grand-mère, un mari éprouvé par le chagrin, un amour de jeunesse abandonné, des cousins incestueux, la volonté de Maria incarné par un personnage à la voix de Charles Aznavour.

Les dialogues ciselés nous font rire, puis nous submergent de mélancolie, de poésie. Honoré ose tout, la comédie, le conte, le fantastique. La photographie aux teintes vintage, dirigée par Rémy Chevrin dont c’est ici la quatrième collaboration avec Christophe Honoré, accompagne son propos, rappelant les beaux jours du théâtre de boulevard à la Guitry.

Benjamin Biolay, Camille Cottin

Le quatuor s’accorde à merveille. Benjamin Biolay, loin de sa réputation de dandy séducteur, tout en retenue passe la nuit en pyjama a ruminé son chagrin, tandis que son double jeune, Vincent Lacoste exprime sa colère et son désir de revanche. Face à ces deux hommes, Maria incarnée par Chiara Mastroianni qui trouve ici avec cette sixième collaboration avec Christophe Honoré, l’un de ses meilleurs rôles, récompensé d’ailleurs par un Prix d’interprétation au dernier Festival du Film de Cannes dans la section Un certain regard. On se réjouit de voir la légèreté et la malice de cette femme reprendre des travers réservés aux hommes. Vient se greffer à l’histoire du couple, Irène, l’ancienne professeure de piano et amour de jeunesse de Richard, interprétée par Camille Cottin. A noter la présence éphémère de Carole Bouquet incarnant Irène de nos jours, qui en quelques minutes impose toute la sérénité de son personnage.

Christophe Honoré, ses actrices, ses acteurs.

Christophe Honoré n’avait pas vraiment habitué à autant de légèreté sur un sujet grave et son approche à la fois musicale et fantaisiste fait de cette «chambre 212» un conte d’un nouveau genre tout à fait jubilatoire.

Isabelle Véret

Sortie le 9 octobre 2019

Cet article comporte 2 commentaires

  1. anto desouza

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