« Chronique d’une liaison passagère », Emmanuel Mouret
Avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scallet, Maxence Tual…
Sorti le 14 septembre 2022
Synopsis
Au cours d’une soirée, Charlotte, mère célibataire rencontre Simon, un homme marié. Ce nouveau couple s’engage à se voir uniquement pour le plaisir, sans rien éprouver d’autre. Pour autant, cette relation sans avenir est bouleversée quand des sentiments nouveaux apparaissent
Emmanuel Mouret continue d’explorer le sentiment amoureux et le marivaudage dans son dernier film «Chronique d’une liaison passagère». Simon (Vincent Macaigne) et Charlotte (Sandrine Kiberlain) se rencontrent et vont vivre cette relation éphémère ; lui est marié, elle est libre et veut le rester. La légèreté et les limites qu’ils veulent absolument conserver vont compliquer leur relation.
La mise en place de Emmanuel Mouret
Depuis le succès de «Mademoiselle de Joncquières», le réalisateur ne cesse d’améliorer son dispositif et signe ici son meilleur film, présenté au dernier Festival de Cannes hors compétition.
Filmé comme à son habitude à Paris, il oscille entre scène d’extérieur et scènes d’intérieur, les personnages toujours en mouvement dans de longs plans séquences très mobiles, se déplaçant entre cuisine, salon dont les murs sont couverts d’œuvres d’art et de bibliothèques remplies de livres. Si les dialogues sont moins littéraires qu’auparavant, ils restent néanmoins très bavards. On parle beaucoup dans les films de Mouret, même pour ne rien dire, comme pour masquer ses émotions. On sent la sensibilité de Simon à fleur de peau, il illustre à la perfection l’émotivité masculine d’aujourd’hui, alors que Charlotte garde le cap ou semble le garder.
Entre hommage au style de Rohmer et la comédie de mœurs à la Feydeau, Mouret teinte les situations et les dialogues de beaucoup d’humour. Cet humour est la défense des personnages face aux sentiments qu’ils sentent poindre en eux.
Cependant, quand les deux amants vont au cinéma, ils ne vont pas voir «La zizanie» de Claude Zidi mais «Scènes de la vie conjugale» d’Igmar Bergman. Une manière d’affirmer l’admiration d’Emmanuel Mouret au cinéaste mais aussi, dit-il, «…de donner à voir et à entendre l’opposé de ce qui se joue dans le film…».
Les personnages n’ont rien d’exceptionnel, leur vie quotidienne est évoquée hors champ. Ainsi on imagine Charlotte documentaliste, comme le laisse suggérer une scène à Jussieu. On ressert le cadre autour de leurs entrevues, le restant de leur vie est anecdotique.
Tout en explorant les possibilités d’une liaison adultère parfaite et sans contrainte, Mouret nous expose l’évolution de leur lien et les points de limites d’une telle entreprise. Tout est dit dans le titre, l’enjeu n’est pas autour d’un quelconque suspense mais réside dans l’évolution de cette relation, rendez-vous après rendez-vous, comptabilisés à l’écran.
On se laisse emporter, tantôt par la tendresse, la culpabilité, l’humour ou la sensualité du propos à travers un geste, une parole, une balade dans un jardin ou la visite d’un musée. Toujours accompagné d’une bande son savamment choisie entre «La javanaise» interprétée par Juliette Gréco qui revient comme une ritournelle et un répertoire plus classique que Mouret affectionne, Mozart en tête, dont la légèreté des sonates semblent en résonance avec le film ou des choix plus éclectiques comme Ravi Shankar.
Le duo d’acteurs
Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne offrent ici un duo époustouflant et une grande performance d’acteurs. Ils illustrent à merveille l’évolution des sentiments dont les gestes, les attitudes trahissent chaque fois davantage la promesse d’une relation lisse et sans contrainte.
Mouret déclare : «Quand j’ai pensé à Sandrine Kiberlain face à Vincent Macaigne, avec qui j’avais tourné dans «Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait», ce fut un déclic. Tous deux sont porteurs d’une fantaisie qui apporte de la comédie et confère au film une tonalité à la fois drôle et grave (…).»
Ils ont dû travailler très en amont du film pour connaître le texte sur le bout des doigts et pouvoir installer leurs joutes verbales d’une manière très fluide et beaucoup moins ampoulée que dans les précédents films de Mouret, tout en restant très écrites.
Emmanuel Mouret nous propose une œuvre à la fois tendre, touchante et drôle dont la forme tout, en délicatesse, séduit un public de plus en plus large et met du baume au cœur.
Isabelle Véret
La synopsis d’Isabelle Véret révèle parfaitement le schéma du film. J’ai adoré le jeux des acteurs (digne d’une palme) Au théâtre, leur jeux serait sûrement décuplé. Bravo à Emmanuel Mouret, pour la réalisation, à Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne et Gorgia Scarlet pour leur remarquable jeu d’acteur et bravo au ciméma de m’inviter dans un autre monde ou l’on ne peut pas zapper
Isabelle