De l’art toujours, du Paillon au Port
J’ai repris, après cette lourde période de frustration due à la Covid-19 (il parait que la bête est féminine), ma lecture favorite de la création par une promenade de l’art dans la Ville et, noblesse oblige, j’ai commencé mon parcours par une visite au nouvel accrochage du MAMAC, Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice. En attente de l’exposition sur les femmes Pop, Les Amazones du Pop qui sera vernie le 2 octobre 2020, un retard, là encore, dû à cette satanée Covid-19, Hélène Guenin, la directrice du musée, nous propose une relecture des collections Pop du Mamac, comme des œuvres des Nouveaux Réalistes, ainsi qu’une découverte qui n’en est pas vraiment une pour ceux qui ont connu, aimé et admiré les claquantes couleurs primaires d’Albert Chubac, mais une façon de lui redonner la place qu’il mérite (je crois que je répète…). Refaire un peu d’histoire ne fait de mal à personne, surtout en cette période de grand n’importe quoi pseudo-artistique, aussi j’aimerais rappeler qu’Hélène Guenin reprend, en partie, dans cet hommage au 30 ans du MAMAC, ce qui avait été défini comme ligne essentielle de ce musée par Claude Fournet, initiateur et Conservateur de cette institution, c’est-à-dire un aller retour Nice/ New York/Nice entre le Pop américain auquel il joignait l’Art d’Assemblage (Di Suvero etc.) et le Nouveau Réalisme français , mais aussi un voisinage avec l’Italie, grâce à l’Arte povera, mis un peu de côté pour l’instant…
Cette parenthèse historique objective l’intéressant accrochage conçu par Hélène Guenin qui, dans les allées 4 et 8 du musée, expose ce qu’elle nomme Nouveau Réalisme/Pop Art, la révolution des années 60. De Claes Oldenbourg, Jim Dine, Roy Lichtenstein à Andy Warhol, James Rosenquist, George Segal et Tom Wesselmann, nous admirons l’audace de ces artistes qui ont évolué dans le monde de l’après guerre où soudain règnent les produits manufacturés qu’ils s’approprient, citant directement la société de consommation qu’ils mettent en avant mais critiquent avec ironie, tout en sublimant la puissance visuelle des images.
La salle 5 rend hommage à l’œuvre de Niki de Saint Phalle que Pierre Restany, au regard des Actions-tirs, décide d’inclure dans les Nouveaux Réalistes mais dont on retient d’avantage les sculptures monumentales aux couleurs vives issues des premières « Nanas ». En 2002, elle a fait une donation exceptionnelle au MAMAC. La salle 6 est consacrée à Yves Klein et a son « Aventure monochrome ». Avec cet espace entièrement investi par IKB (International Klein Blue), on touche à une quête de l’immatérielle dont la radicalité impressionne aujourd’hui encore, surtout lorsqu’on pend conscience de la jeunesse de cet artiste qui, mort à trente-quatre ans, laisse une œuvre majeure, intense, audacieuse et infinie. La salle 67 est intitulée Jeux de Mots/Jeux d’Ecritures. C’est un déploiement de jeux de mots, d’écritures, de langages autour de La Cambra ou « musée de Ben ». En salle 9, nous pénétrons dans l’univers d’Albert Chubac, de ses œuvres faites de larges aplats aux couleurs primaires, une méthode qu’il appliquera ensuite à des sculptures de bois, modifiables, sortes de mobiles d’une fraicheur étonnante qui faisaient de son atelier à Aspremont, une véritable œuvre In situ, qui, je crois, n’a pas été conservée…
Je quitte le Paillon, notre famélique fleuve niçois coulant sous le MAMAC, pour descendre vers le port en empruntant cette vieille et très niçoise rue Bonaparte, devenue aux dires des estrangers, le Marais niçois, pour faire un tour du côté de Bel Oeil où Alexandre Curtet a accroché parmi les beaux meubles contemporains qu’il représente, des pièces récentes de Cédric Teisseire. « Nous avons eu le plaisir, dit-il, de montrer à plusieurs reprises le travail de Cédric Teisseire, notamment lors de la première exposition de notre espace à Cannes, puis en novembre 2019 à Nice. C’est toujours une expérience inspirante que de confronter ses œuvres colorées à nos univers, et d’observer comment son action plastique modifie nos projets. » Que ce soient les palettes de couleurs que forment les coulures verticales, ou les monochromes de peinture volontairement froissée, granuleuse comme le grain d’une peau, ces toiles affirment la volonté d’imperfection du procédé, le rendant par là-même, palpable, saisissant et extrêmement séduisant. Côté mobilier, les choix sont multiples, allant d’un design parfois iconique, fauteuil Platner –Knoll, Petit fauteuil LCI –Cassina, Chaise LCW Historique à de séduisants nouveautés comme la Baignoire-vieques-agape , la cuisine Arclinea dessinée par Antonio Citterio, faisant désormais partie désormais du groupe B&B Italia / Maxalto et la chambre Porro, dont le design est de Piero Lissoni.
Pour finir en beauté puisqu’il s’agit de mode je fais un tour du côté de Joya où Sandrine Mons a invité B+B qui se détermine comme une marque mondiale de mode unisexe. Tout d’abord un petit mot sur Joya, que je définirais comme un concept store (je crois qu’il faut dire Life Style) qui allie restauration, vente d’objets et privatisation de salles avec, de temps en temps, la présentation de collections de créateurs, niches à découvrir dans l’univers hallucinant de la consommation.
Pour avoir été vingt ans dans la mode et avoir dirigé une boutique qui était, bien avant la lettre, un concept store très apprécié à Nice, je ne peux que m’émerveiller, du langage que les créateurs emploient aujourd’hui pour présenter leurs collections. Je m’apprêtai à citer ce que B+B, appelle la philosophie de la marque, mais je renonce tant il me parait incroyable qu’on emploie un tel jargon pour parler chiffons ! Pour être moins caustique car la collection est belle et mérite d’être saluée, je dirais que ce sont des vêtements qui vont à tout le monde, exception faite de petits gabarits très sophistiqués ; que les tissus sont innovants et de belle qualité ; que les coupes sont simples et élégantes et que l’ensemble a réellement du style !
Merci Hélène tu m’a donné envie de retourner au Mamac avec ta description du nouvel accrochage !
Merci Hélène, tu m’as donné envie de retourner au Mamac avec ta description du nouvel accrochage.
merci Una !