Édito d’août
En me relisant – ça m’arrive – je m’aperçois qu’à chaque édito du mois d’août, je ne manque pas de vous rappeler, avec un léger manque de tact, que c’est le mois de mon anniversaire ! Les personnes du signe de Lion sont, dit-on, des animaux légèrement présomptueux, très fiers de leur signe, au point qu’ils ont tendance à le jeter dans la conversation, même lorsqu’on ne le leur demande pas !
Hélas cette année le 14 août, jour de mon anniversaire, le pont Morandi de Gênes se rompait et tuait quarante trois personnes, une date qu’il ne va pas être facile d’oublier pour les proches des victimes, pour les Italiens, et en général pour tous ceux qui ont du cœur, et qui par ailleurs, s’inquiètent de négligences qui ont pu être commises…
Là, s’arrête la relation de tout ce qui m’affecte, pour vous parler de mon plaisir, une fois n’est pas coutume, à la lecture des Nice-Matin d’août qui relatent dans une hiérarchie d’importante toute particulière, les événements estivaux de l’été, avec une prédilection pour les histoires de cloché.
Ce qui d’habitude m’exaspère dans ces récits de « chiens écrasés *», m’attendrit en ce moment – je dois être d’humeur sensible – et me fait mesurer combien je suis attachée à cette ville qui m’a vu naître et qui, du coup, me touche à tous les niveaux, même dans ce qu’elle a de plus local… Pour preuve, l’article de Nice-Matin du 20 août : « la célèbre mercerie Barale file ses derniers jours »*. L’histoire d’une boutique qui ferme, rien de plus courant et de moins intéressant à première vue et pourtant, au-delà du récit délicieusement relaté par Christine Rinaudo, ce papier nous replonge presque un siècle en arrière, lorsque s’habiller était vouloir un vêtement le plus inédit possible, dans un matériau qu’on aller dénicher chez les nombreux marchands de tissu, dans une forme qu’on choisissait sur des patrons , ou bien qu’on laissait au talent et l’imagination de sa couturière, si l’on n’était pas une fée des ciseaux et de l’aiguille…Venait ensuite le choix du détail qui tue, passementeries, paillettes, perles, rubans et là, une visite s’imposait chez Barale ou ailleurs … Temps révolus, il n’y a presque plus de merceries, pas plus que de couturières, tout juste des retoucheuses… Maintenant nous avons les marques : Chanel, Hermès, Vuitton, etc., mais plus de maisons de couture à Nice … Qui se souvient de Marie-Thérèse, à part les Barale et moi, dont mon amie Chantal Raysse était l’une des mannequines ! Tempi passati disait ma grand-mère, eh oui, ce temps-là a passé, mais les souvenirs sont là pour nourrir tant d’histoires, tant d’articles, tant de livres… Grâce à eux, à travers eux, nous nous fabriquons un nouveau présent, un nouveau printemps !
P.S. » Ne voyez aucune ambition politique, c’est terminé », affirme Nicolas Hulot après sa démission surprise du gouvernement. Que dire de cette nouvelle qui arrive alors que j’allais boucler mon édito ? Qu’elle n’est qu’à demi surprenante puisque Nicolas Hulot avait, à plusieurs reprises, laissé entendre qu’il pourrait un jour démissionner, mais que cette annonce, ce mardi matin 28 août, au micro de France Inter, face à Nicolas Demorand et Léa Salamé, a fait l’effet d’une bombe, au point que Léa Salamé lui demande : mais vous êtes sérieux ? » !
Ce que j’en pense ? Je le vois comme un acte courageux, honnête, de quelqu’un qui n’a finalement pas réussi à convaincre ceux qui avaient fait appel à lui… Un geste responsable, cohérent et finalement peut-être utile pour que nous prenions enfin conscience des conséquences de l’aveuglement des dirigeants de notre planète face à sa sauvegarde et son devenir.
*La rubrique des chiens écrasés est l’appellation humoristique donnée à une rubrique dans un journal pour décrire des faits-divers sans grande importance.
*La *Mercerie est l’ensemble des articles qui servent pour l’habillement et la parure.