Édito d’août
Août, cette année, c’est le grand bleu pour le temps, mais pour le moral c’est plutôt Mademoiselle chante le blues… Rappelez-vous ce que dit le couplet : « Y’en a qui élèvent des gosses au fond des HLM / Y’en a qui roulent leurs bosses du Brésil en Ukraine / Y’en a qui font la noce du côté d’Angoulême / y’en a qui en peuvent plus de jouer les sex symbols / Y’en a qui vendent l’amour au fond de leur bagnole» et on pourrait reprendre en chœur avec Patricia Kaas et sa belle voix rauque et triste : «Mademoiselle chante le blues /Soyez pas trop jalouses / Mademoiselle boit du rouge / Mademoiselle chante le blues ».
Oui j’ai le blues… Pas pour moi en particulier, car la vie continue à me gâter et à me donner beaucoup d’amour, mais pour ce que sont devenus mon pays et le monde, des terrains livrés à la peur, à la délation, à la violence, à la haine… Où chacun se fait justicier, redresseur de torts, mais pas en douceur, avec brutalité comme si être du bon côté donnait tous les droits et du mauvais toutes les audaces et les stupidités …
Des marchés à la rue, des transports aux loisirs, le bon citoyen veille, prêt à bondir sur celui qui a oublié son masque au lieu de lui en tendre un, disposé, si l’impétrant tarde à obtempérer, à le bastonner ou à le designer au plus vite à la force armée.
Misérable Covid-19, non seulement il nous abime corporellement mais, en plus, il nous rend méchant ! Plus de compassion, plus de tolérance, plus de pour et contre, juste de la peur ; avec un pouvoir, en l’occurrence ce comité des sages, qui décide, sans douter, alors que la veille à peine, il s’était trompé, et un État qui, le doigt sur la couture du pantalon, suit ses directives et légifère sans dédramatiser.
Suis-je une insoumise ? Non, je porte mon masque, je me tiens à distance de mon voisin, je me lave les mains et plutôt cent fois qu’une, ce que je faisais déjà avant sans ennuyer personne, mais je continue, néanmoins, à penser, à réfléchir et à m’informer, et malgré tous leurs efforts, les gardiens du temple – car nous sommes désormais dans le domaine de la croyance – n’arriveront pas à laver mon cerveau de tout doute et vigilance.