Édito de février

Difficile exercice que celui de survoler l’information du mois, compte tenu du délire médiatico-juridique que provoque, cette fois plus que jamais, l’approche des élections à la Présidence de la République ! J’ai, sur le sujet, un point de vue qui va déterminer mon choix, du moins celui du premier tour, mais plutôt que de me fâcher avec quelques-uns de ceux que je considère comme mes amis chers, je le tairai.

Que nous laisse alors en pâture l’information ? Des apprentis dictateurs comme Trump ou Erdogan maniant l’excès dans le verbe (pour l’instant), prêts à mettre le feu aux poudres ? Mais l’excès ça nous connaît aussi, nous Français, alors cessons de donner des leçons de morale aux autres et balayons devant notre porte…

Donc plutôt que ne rien dire (ça aurait été sans doute la sagesse…), je déborde du mois et me penche sur ce 8 mars, journée de la Femme, célébré dans le monde entier, paraît-il…  En France, ça a ronronné sur les poncifs habituels, manque de parité salariale et représentative dans les institutions, inégalité dans l’embauche, dans la promotion, les retraites, violences faites aux femmes, etc., et semble-t-il l’oubli dans le discours de regarder ailleurs, là où les conditions de la femme ne sont pas seulement injustes, mais épouvantablement tragiques, comme celle de leur privation de liberté, justifiant tous les crimes !

En ce qui me concerne, j’ai toujours été assez réticente à ajouter mon grain de sel au sujet, pensant que si une seule journée nous était consacrée, cela semblait poser comme principe que les 364 autres étaient des journées de l’Homme… Trêve de mauvais esprit, cela dit, j’ai répondu à l’appel de l’association Cagnes, au nom de la présidente de son cinéma, Marie-Ange Riger, assistée d’Anne-Marie Chaminade, qui m’ont invitée, à l’occasion de la Journée de la Femme à Cagnes-sur-Mer, à intervenir sur la condition de la femme artiste, après la projection de Paula*, un biopic, mis en scène par Christian Schwochow, sur Paula Modersohn-Becker, peintre allemande du début du XXème siècle. A cette occasion donc, j’ai recherché ce que disaient les textes sur la condition de la femme artiste qui a été, ce que je savais déjà, peu considérée (à quelques exceptions près), et fortement marginalisée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours…

En 1971, l’historienne d’art Linda Nochlin, dans un article pour Artnews, pose la question : « Pourquoi n’y a-t-il pas de grandes femmes artistes ? », non pas, dit-elle, à cause d’un défaut de génie artistique, mais parce qu’elles se sont simplement vu écarter de l’apprentissage de la pratique de l’art pour des raisons historiques et culturelles… Juste, en effet, et c’est bien parce qu’on voit aujourd’hui beaucoup d’écoles d’art s’ouvrir aux filles que leur situation a changé et qu’on peut dire qu’elles sont presque aussi présentes que les garçons et largement aussi intéressantes. En 2006, le livre Women Artists at the Millennium, issu de la conférence de 1971, montre, trente ans après, une amorce de changement et donne une liste commençant à 1945, dans laquelle on compte pourtant moins de cent patronymes féminins (85 exactement), pour une multitude incroyable de noms lorsqu’on répertorie, sur les mêmes critères de notoriété, les artistes hommes… On le voit, dans ce domaine comme dans d’autres, un énorme travail reste à faire…

* Je ne ferai pas ici d’analyse sur Paula le film de Christian Schwochow, peut-être dans ma rubrique cinéma, bien que je n’aie pas une grande attirance pour les biopic ; mais vous pouvez aller le voir au cinéma Rialto, cette semaine à Nice. C’est une jolie histoire sur papier glacé, où malgré sa gravité, le sujet est traité en une succession de clichés, mais où brille Carla Juni, jeune artiste suisse, dont les rires excités énervent parfois, mais dont le sourire nous rappelle étrangement la grande Romy Schneider. Un nouveau talent à diriger avec rigueur, mais à suivre absolument !

Cet article comporte 1 commentaire

  1. elle

    Ln, le problème c est le traitement du 8 mars… qui n est pas la journee de la femme.. La journee de la femme c est TOUS LES JOURS ! Par contre le 8 mars c est la
    journee INTERNATIONALE pour la lutte des DROITS de la femme !

    Cette confusion entretenue par les medias et le raccourci « journee de la femme » dessert la cause INTERNATIONALE (tu as raison de le souligner) des DROITS bafoues de la femme ! S il est important de mettre en exergue la ou nous avons eu gain de cause au fil des années les problématiques de l égalité salariale, des violences faites aux femmes, de la restriction du droit a la parole, a l education quelque soit le champ d intervention (art, science, médecine, architecture….) restent toujours d actualité au niveau international et ici en particulier. Les grandes femmes (la premiere femme d Einstein est a l une des auteurs de E=mc2… mais tient elle a disparu par la suite?!) ont ete rendues inexistantes par l ombre des hommes (grands ou petits) et du paternalisme… Alors le 8 mars on réoriente les projecteurs… pour les mettre en lumiere et qu elles y restent 🙂

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