Édito de janvier 2020  

Deux fois 20 ça se souhaite ! Alors, malgré la triste grisaille ambiante, je vous souhaite, nous nous souhaitons, de voir enfin briller le soleil grâce à un éclair de lucidité du genre humain. Lucidité, est-ce encore un mot à ranger dans le placard des paroles obsolètes comme dialogue, nuance, eux pour lesquels j’ai tristement sonné le glas dans mon papier « Humeur ».

Pour garder l’envie de jours meilleurs, je vous propose de me livrer au classique jeu des bonnes ou des mauvaises nouvelles et de commencer par les bonnes !

Dans les excellentes et niçoises de surcroît, comment ne pas s’émerveiller de ces jardins qui courent les rues de Nice, mettant arbres et fleurs à nos fenêtres —  désormais, je cuisine dans un verger — ; comment ne pas louer cette ligne 2 du tramway qui remplace le trafic incessant des bus, pour s’enfoncer dans la terre – on nous disait la chose impossible — et nous offrir trois stations souterraines qui sont de véritables cathédrales contemporaines. Des artistes tels Jean-Charles Blais avec « Double voie », pour l’arrêt Alsace Lorraine ; Tania Mouraud avec   « Soave », une référence à l’aria de Cosi Fan Tutti de Wolfgang Amadeus Mozart, accompagnée de l’œuvre sonore de Michel Redolfi, pour la Station Durandi et « Pépin, la déesse et la mer » d’Ernest Pignon Ernest pour l’arrêt Garibaldi, donnent aux entrailles de la Ligne 2, des allures de musée…

 Puisque de musée il est question, saluons le franc succès de l’Assemblée générale des Amis du MAMAC qui a permis à ses supporters de rencontrer un Conseil d’administration renouvelé, avec le Docteur François Fauchon comme président. Les membres de cette association très active dans son soutien au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice ont vu leur nombre augmenter et ont pris connaissance d’un programme à venir, enrichi d’un dîner et d’une newsletter mensuels et de prospectives riches en rencontres, visites d’expositions, voyages…

 N’est-il pas mieux de s’arrêter sur ces notes optimistes ? Les mauvaises nouvelles arrivent bien assez tôt pour qu’on ne joue pas les Cassandre à vouloir les invoquer ! Cela dit je ne peux que regretter nos deux belles Galeries municipales, La Marine et surtout Les Ponchettes qui ont accueilli tant d’historiques et de contemporaines expositions. « Tempi passati », dirait ma grand-mère, les temps d’aujourd’hui sont consacrés au commerce et à la rentabilité et notre cours Saleya ne sera bientôt plus qu’un immense restaurant…

Mais revenons au présent ou plutôt à l’avenir. Je suis restée abasourdie par l’annonce de la destruction possible du Théâtre de Nice ! Je sais, en ces temps de campagne municipale, il n’est pas diplomatique de parler de ces choses, mais tout ce qui concerne l’orientation culturelle de Nice m’intéresse au plus au point. Faire de Nice un jardin est une magnifique idée esthétique et écologique, déjà bien menée, mais point trop n’en faut, comme on dit familièrement ! Certes le Théâtre de Nice, vieux de quarante et un ans, n’est pas un chef d’œuvre d’architecture (que feu Yves Bayard me pardonne) mais il existe et avec ses deux hémicycles, la salle Pierre Brasseur avec ses 963 places et l’amphithéâtre Michel Simon avec ses 300 places, il répond à la demande d’un public niçois de plus en plus ouvert à cet art, si on en juge par le nombre de toutes petites salles fleurissant dans la Ville… Qu’offrirait de mieux le couvent des Franciscains, place Saint-François, pressenti pour remplacer le Théâtre de Nice ? Moins d’espace mais un théâtre au cœur de Ville, plaide Muriel Mayette-Hotz, la récente directrice du TNN. Étrange position ?

Conserver ou raser ? Laisser vivre ou faire mourir ? « To be, or not to be, that is the question » dit Hamlet s’interrogeant sur l’existence humaine et la sienne particulier… Si les bâtiments ont une âme et un théâtre en a une, plus que tout autre, me questionnant sur le TNN : faut-il le préserver ou le détruire ? Je répondrai avec Hamlet : « That is the question ».

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