Édito de juillet
Comment résumer ce mois qui vient de s’écouler ? D’abord par la cérémonie d’un 14 Juillet qui, à Nice, était couplée avec un hommage bouleversant aux 86 morts, aux blessés et à leurs familles victimes d’un camion fou, devenu une arme à la portée de tout individu, dès lors qu’il est animé d’une haine meurtrière. Face au chagrin unanime, les décorations reçues, les discours prononcés trouvaient tout leur sens et touchaient chacun, des hautes autorités au plus simple citoyen.
N’était-il pas un peu tôt, cependant, pour quitter le deuil alors qu’un des plus valeureux Niçois, Max Gallo, écrivain, historien et enseignant hors pair, pleuré par ses étudiants de tous âges, quittait cette Baie des Anges qu’il avait tant célébrée ! Encore trop tôt, sans doute, pour accepter que le plus malicieux des comédiens, Claude Rich, qui se définissait lui-même comme un anxieux optimiste, tire sa révérence à l’âge de 88 ans, nous laissant orphelins de ses yeux bleus candides et de son sourire espiègle qui cachaient, peut-être, un regret de ne plus être assez employé par ce milieu artistique qui n’aime que les têtes d’affiche, alors qu’il en était une avec sa « bande », Jean-Paul Belmondo, Annie Girardot, Bruno Cremer, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort… Une époque qu’il citait avec émotion : « Tout nous était permis, nous avions tous les droits, celui de regarder les filles, de nous amuser en jouant des personnages qui n’étaient pas nous, de faire rire nos copains. »… Bien trop tôt encore, enfin, pour accepter que l’admirable Jeanne Moreau soit morte à 89 ans, seule, sans doute dans la nuit puisqu’elle n’a été trouvée qu’au matin par sa femme de ménage… Me manqueront toujours son sourire irrésistible, sa voix si particulière, éraillée sans doute par des milliers de paquets de cigarettes, mais ensorceleuse quand même. Il nous reste à voir et revoir quelques-uns de ses films, mais surtout ceux qui repassent le moins à la TV et dans les salles, je pense à La Notte, Le Feu follet, Moderato cantabile, Les Liaisons dangereuses où elle incarne une admirable et terrible Marquise de Merteuil, ou encore Les Amants, ce beau film de Louis Malle, de cent coudées au-dessus de Viva Maria qu’elle a sans doute dû accepter de jouer tant elle était amoureuse de Malle. C’est aussi ça, La Moreau, comme diraient les Italiens, une grande amoureuse de la vie, des hommes, de la liberté !
Merci Lola pour cet émouvant édito qui te ressemble