Édito de juin

A ce jour, je n’ai pas envie d’écrire que juin a été un joli mois, compte tenu du fait que la France est mise à feu et à sang parce qu’un jeune-homme de 17 ans, Nahel, a été tué par un policier pour avoir refusé d’obtempérer à l’ordre d’arrêter son véhicule, à la suite de diverses infractions du code de la route et mise en danger d’autrui. C’est ainsi que je résumerai les faits qui valent à notre pays d’être pris en otage par une jeunesse en colère, élégante façon de disculper une enfance et une adolescence à la dérive à cause, certes, de plusieurs facteurs : pauvreté, drogue, racisme mais surtout comportements de parents coupables de ne pas apprendre à leurs enfants le respect de la loi comme celui d’autrui. Cinq jours après la mort de son petit-fils, la grand-mère de Nahel s’est exprimée dimanche 2 juillet sur BFM, par téléphone, pour lancer un appel à cesser les violences. « Les gens qui sont en train de casser, je leur dis ‘Arrêtez’ ! Qu’ils ne cassent pas les vitrines, les bus, les écoles. On veut calmer les choses », a-t-elle déclaré, estimant que certains émeutiers « ont pris Nahel comme un prétexte »« Les policiers, heureusement qu’ils sont là », a-t-elle ajouté, assurant « n’en vouloir » qu’à « celui qui a tué [son] petit-fils ». 

Faut-il la sagesse d’une grand-mère pour inciter une horde de furieux qui en effet, pour certains, ne savent même pas pourquoi ils cassent, mais n’oublient pas, en tout cas, de faire main basse sur tout ce qu’ils peuvent voler sur les lieux qu’ils ont détruits. Rien à ajouter à cette colère, si ce n’est celle d’une population révoltée et désemparée devant un tel gâchis. Et tant pis si mes propos sont peu conformes aux positions bienpensantes des hommes et femmes politiques qui ne prennent jamais le risque de fâcher leur électorat, ce qui instaure dans le pays une langue de bois généralisée qui empêche, même à titre privé, tout débat d’idées.

Que dire ensuite qui ait une quelconque valeur, après cette nouvelle épreuve pour un gouvernement qu’incontestablement je ne porte pas au pinacle, mais là encore, est-ce convenable de le dire tout haut ?

Dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas, ou plutôt à mezza voce, voilà une incongruité que je franchis avec une certaine tristesse et non avec courage, car le courage c’est autre chose, c’est mettre sa vie en danger pour des idées, comme cette femme, lors des émeutes, qui s’est précipitée en criant : « ne touchez pas à l’école » à ces voyous déchaînés qu’elle n’a pu arrêter…

Alors, aujourd’hui, dire qu’à Nice, la culture va mal, ce n’est pas courageux de ma part, mais le constat d’une réalité. Le milieu artistique niçois est dépositaire d’une histoire qu’il voit aujourd’hui abîmée au nom de choix politiques que nous sommes nombreux à ne plus comprendre. D’abord on rase le théâtre pour deux lieux qui n’arrivent pas à le remplacer et une ébauche de troisième, aux Arènes de Cimiez, qui prête vraiment à sourire, allez, restons élégants ! Pour les amoureux des musiques classiques comme actuelles, les programmes sont pauvres et les salles absentes ou à l’acoustique médiocre tel le Palais Nikaïa. Heureusement il nous reste l’Opéra et le Festival du jazz sur la place Masséna/Théâtre de Verdure…

On rase l’Acropolis, un bâtiment bien loin d’être un chef d’œuvre d’architecture, mais qui accueillait des spectacles et salons nécessaires à la vie économique niçoise pour ne le remplacer par rien ou peut-être un lointain projet. Seul le MAMAC, Musée d’ Art Moderne et d’Art Contemporain est sauvé des eaux (le Paillon coule dessous)  et nous serons nombreux à nous battre pour que ce beau projet de rénovation soit mené à bien, sans restriction, sans défection …

Globalement, les faits sont préoccupants pour les arts plastiques. N’épiloguons pas sur les Ateliers du 109 où des artistes ont été délogés sur des critères qu’on aurait pu appeler artistiques, s’ils n’étaient fumeux et à la tête du client et enfin, cerise sur le gâteau,  comme le titre sans vergogne Nice-Matin, notre hélas unique quotidien : « Richard Orlinski lâche son bestiaire géant sur Nice. »

Sous ce titre ronflant et sur des socles où son nom s’affiche avec démesure, ce fabricant de jouets géants et colorés pollue les plus beaux sites de la Ville de Nice comme la place Garibaldi, le Monastère de Cimiez, la place de l’Ile-de-Beauté, la place Masséna, j’en passe, il y en a dix en tout et je ne veux pas leur faire de pub ! Fait du Prince, ces soi-disant sculptures ont été placées là sans consultation, sans aucun jury, à tel point qu’un élu de la majorité, Henri-Jean Servat, s’en est ému et qu’il a perdu son poste !

P.S. petit ajout  en rapport avec un commentaire d’un de mes chers lecteurs :

( à voir la subtilité avec laquelle Richard Laugier avait su traiter le palais des expositions )

 Une belle architecture épargnée par les démolitions…

Cet article comporte 2 commentaires

  1. Tampon-Lajarriette

    Bravo Hélène de ta franchise !! Pour Nice et sa Culture peu osent prendre position… sans doute par modestie quoiqu’il en soit la ville devient un magasin de jouets :Orlinskî, totor, les bonbons , Moya à Garibaldi, la chaise bleue, même l’œuvre de mon ami Fondacaro ressemble a un plongeur s’apprêtant à faire un plat ..( pardon Jean Marie )
    Pour le théâtre , à part la très belle mais petitoune salle des franciscains on a en tout et pour tout la bien nommée « cuisine «  qui semble être une mauvaise farce faite à nikaia …quelle prestance cette ideuse bâche représentant le théâtre National de Nice …. Les arènes je n’en parle pas puisque tu l’évoques … vive Benoin et Anthea ..après tout on est une conurbation.
    Enfin Acropolis même constat que le tien . Le bâtiment est hors d’échelle dans la ville mais Il est dans la ville ! ( à voir la subtilité avec laquelle Richard Laugier avait su traiter le palais des expositions..voir photo) ( et celle non moins pertinente de Bayard ayant disloqué son programme musée -théâtre en 2 édifices afin de casser l’effet de masse .
    Nous serons veufs qq années d’un des plus beaux auditorium ( notamment acoustiquement ) et de congrès ….
    Enfin bref, on l’a tous compris
    Nice deviendra Capitale de la Culture Végétale

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      merci de partager mon point de vue. Impossible d’inclure une photo ou du moins, je ne sais pas le faire !!!

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