Édito de mai
En mai, fais ce qu’il te plait, dit le dicton et j’ajoute, dis ce que tu veux, c’est ce que je fais. Je viens de lire un entretien de Michel Vuillermoz avec Jacques Nerson. C’est magnifique quelqu’un qui se refuse à fermer sa gueule et dit publiquement ce qu’il déteste et qui il déteste ! Je pourrais tout reprendre à mon compte, mais je n’ai pas ce courage, pas encore en tout cas ! Un comédien qui prend des risques et va à contrecourant, ça se remarque et ça change des pitreries du Festival de Cannes où la très attendue palmée d’or, très attendue parce que jeune, femme et contestataire, Justine Triet, réalisatrice et scénariste d’Anatomie d’une chute, a sévèrement critiqué le gouvernement sur la réforme des retraites, mais surtout sur ce qu’elle a appelé la marchandisation de la culture ! Selon elle, l’exécutif est « en train de casser l’exception culturelle française. Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui devant vous« . Tiens, tiens, il est bon pour se faire remarquer de cracher dans la soupe, mais encore faut-il lui laisser sa comestibilité ! A combien s’est enlevée la subvention de l’État pour ce film ? Cruciale question restée sans réponse… Le discours d’assistée insatisfaite de Justine Triet résonnait à mes oreilles comme une chanson bien connue, aussi je ne fus pas surprise d’apprendre que notre suffragette était diplômée de l’école des Beaux-Arts de Paris où elle avait passé le concours d’entrée avec la volonté de devenir par la suite artiste peintre ce qui, à quelques exceptions près, risquait d’être moins lucratif que le cinéma. (NDR)
Le Festival de Cannes, côte anecdote rigolote si on veut, a encore mis les pieds dans le plat en empêchant une invitée, handicapée, de monter les marches en baskets au lieu d’en Lou Boutin !
Jolie performance de Jane Fonda qui a jeté dans le dos de la lauréate ingrate, le parchemin qu’elle avait laissé sur le pupitre. Côté contestation, Jane n’a de leçon à recevoir de personne.
Assez grogné , je ne vous parlerai pas de paix, car ce substantif a disparu du langage, mais de la promotion 2023 des nouveaux mots du Petit Robert. Parmi les heureux élus : « complosphère », « mégenrer », « multivers », ou encore « ghoster ». Pas mal, mais pas toujours facile à employer ! D’après notre joyeux dico : « les mots sont la preuve de l’évolution de la langue française et des débats de société qui émergent dans le pays. »
Si le mot de paix a disparu ceux de guerre et d’armée se portent bien. Pour l’armée, 43,9 milliards d’euros en 2023 avec hausse historique à 3 milliards d’euros en 2023 ,ce ne sont pas que des mots ou des maux ! Autre fait nouveau, on vient de mettre au point des drones tueurs, magnifique n’est-ce pas, on n’arrête pas le progrès.
Quant à la guerre en Europe, on fait des pronostics, Stalingrad ou Verdun que dira l’avenir ? Et la préservation de la planète alors, je veux bien ne plus tirer ma chasse d’eau, mais peut-on préserver la planète et faire la guerre en même temps ?
Enfin, cerise sur le gâteau « D’ici trente ans, nous aurons les moyens technologiques de créer une intelligence surhumaine. Peu après, l’ère humaine prendra fin. » Ces lignes ont été écrites en 1993 par l’auteur de science-fiction américain Vernor Vinge. Dans son fameux essai aussi fumeux que surprenant, intitulé The Coming Technological Singularity : How to Survive in the Post-Human Era, l’écrivain, qui a été professeur d’informatique et de mathématiques à l’université de Californie à San Diego, prédisait l’avènement, d’ici à 2023, d’un « changement comparable à l’essor de la vie humaine sur Terre ». Certains ingénieurs de la Silicon Valley la voient advenir en 2045. Pourtant, les chercheurs en IA se défendent d’œuvrer à l’avènement d’une super intelligence… en l’état actuel des connaissances. La singularité technologique* est ce moment de rupture dans l’histoire humaine où l’intelligence artificielle (IA) finit par supplanter celle de l’homme, occasionnant des changements sociétaux et sociaux imprévisibles et incompréhensibles du commun des mortels.
* Le moment où l’intelligence artificielle pourrait dépasser celle des êtres humains a été baptisé « singularité technologique », notion à la frontière entre la science et la science-fiction
En attendant, bon mois de juin !