Édito de mars

Un édito à la va-vite, car le trop-plein d’émissions, d’articles, de racontars, de mauvais livres sur la politique et la prochaine élection à la présidence de la République a ouvert la porte à un tel ramassis d’impudeur et de haine que j’aurais honte à mon tour de rajouter quoi que ce soit à cette soupe. Il me faut cependant, une fois encore, vous engager à lire l’édito de Riss dans Charlie Hebdo n°1288 et en particulier le passage sur l’accusation où, dit Riss, chaque Français se prend pour Zola et rêverait d’écrire, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, en lettres majuscules « J’ACCUSE ».

Mon éditorialiste préféré nous rappelle que l’accusation est une arme politique aussi vieille que la politique et qu’à Athènes, l’ostracisme était une procédure qui permettait de voter l’éloignement d’une personnalité de la vie publique ; un usage qui à l’origine avait pour but d’assainir la vie politique, mais qui en réalité, s’était transformé en arme pour liquider les adversaires politiques encombrants. Plutarque jugeait l’ostracisme comme « une espèce de satisfaction donnée au peuple qui aimait à rabaisser ceux dont l’élévation lui faisait ombrage, et qui trouvait dans leur chute un adoucissement à sa jalousie*». Un peu de culture de la part d’un directeur de presse et d’autres références que celles des années trente qu’il est si fréquent de voir invoquer ne font pas de mal et apportent un éclairage distinct du tapage journalistique ambiant.

Bon, cela dit, j’ai tout dit, puisque je me suis engagée à ne rien rajouter. Pourtant, au retour d’une soirée entre amis, j’ai ouvert le poste, comme on disait avant, pour tomber sur l’émission On n’est pas couché et voir ce que je ne croyais pas possible à la télévision : un animateur et ses intervenants, après s’être mollement excusés de leur fou rire incontrôlable lors de leur émission précédente*, afficher envers des postulants à la présidence de la République, certes aux espoirs très restreints d’élection, un sourire méprisant et hautain, doublé de grossières moqueries sollicitant l’adhésion d’un troupeau de panurges…

Que le syndicaliste Philippe Poutou et le berger Jean Lassalle n’aient pas des discours très cohérents et très convaincants, j’en conviens, mais leur faire jouer les animaux de cirque devant un auditoire d’invités qui se gaussaient alors qu’un parmi eux au moins, le docteur Pelloux, qui affiche partout sa compassion pour sa propre souffrance et celle d’autrui, aurait pu rétablir un peu de dignité dans l’écoute de ces hommes que 500 parlementaires ont quand même  jugé bon de parrainer.

Décidément, cette campagne montre le pire sans qu’à aucun moment on sente souffler un peu d’air frais. Comment, nous Français, sortirons-nous de cette débâcle, KO sûrement, grandis, certainement pas !

 *Curieuse de voir ce fameux fou rire incoercible de Madame Burggraf et de Monsieur Ruquier après avoir posé à Philippe Poutou la question : « comment fait-on pour interdire le licenciement… » à laquelle il n’a pas eu temps de répondre (celui-ci étant compté pour chaque candidat), j’ai été, avec le recul, encore plus effarée par l’attitude du présentateur et de sa comparse.

* La Vie des hommes illustres –Thémistocle, de Plutarque.

 

 

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