Édito de septembre
Commencer par quinze jours de vacances ce mois encore chaud d’un été particulièrement caniculaire n’incite pas à la suractivité physique, et buller sur le sable ou sur les galets immaculés des rivages d’un îlot des Cyclades évite la surchauffe des méninges, mises elles-aussi en vacances par un manque d’informations sur papier (pas de journaux dans mon île) ou par une connexion internet inexistante. Pas de télévision, ni de ciné, pas d’expositions, ni de concerts, si ce n’est celui du vent qui a bien voulu ne souffler que trois jours et trois nuits, avec – caractéristique du meltem – des accalmies totales qui vous font imprudemment penser : « le vent est tombé », pour soudain l’entendre revenir vous fracasser les oreilles avec violence… Mais sur une île, aussi fou que soit le vent, il ne peut pas souffler partout et s’il se déchaine sur une rive, celle qui lui est opposée lui échappe et vous offre une totale quiétude ! Alors, nager bronzer ou lire sont de nobles activités que ce calme engendre. Comment ne pas vous conseiller, dans ces conditions : « un été avec Homère »* de Sylvain Tesson. Quelle jouissance d’appréhender la musique de l’Iliade et l’Odyssée, les pieds dans l’eau, sous la lumière d’une île qui n’est pas Tinos – où Tesson a écrit – mais une autre qui lui ressemble, pour comprendre l’Odyssée, cette épopée mythologique mais fondamentale du voyage et surtout du retour, car Homère et Tesson nous le disent : le voyage ce n’est pas simplement la volonté de quitter sa familiarité et le monde qu’on connaît, mais de rentrer chez soi. On est quelqu’un parce qu’on est de quelque part.
Ensuite, avant de revenir dans ce monde de bruit et de fureur, s’arrêter un moment à Athènes pour gravir, sous un redoutable cagnard, les marches de l’Acropole, ne manque ni de courage ni de panache !
Maintenant, après tant de sérénité, que se passe-il chez nous, qui vaille que j’en parle? Beaucoup de querelles, d’animosité, d’insultes même, dans notre beau pays…Côté politique j’attendais avec une certaine impatience l’émission Léa Salamé et Thomas Sotto sur France 2 et je n’ai pas été déçue. J’avais salué, dans un de mes anciens éditos, le ton inhabituel de Sotto, et sans avoir la prétention de croire que mes écrits ont un quelconque écho, je constate simplement que je n’ai pas été la seule à penser du bien de ce journaliste. J’avais écrit en février 2018 : Un rayon de soleil cependant dans le paysage audiovisuel, l’arrivée de Thomas Sotto en tant que remplaçant de Laurent Delahousse, qui, semaine après semaine, par ses interventions fines et pertinentes, réveille le 20 heures de France 2. Son recadrage amical de Jamel Debbouze était un petit bijou : pris qui croyait prendre !
A la télévision toujours, et sur Arte comme il se doit, un beau portait de Romy Schneider – qui aurait eu quatre vingt ans aujourd’hui – brossé à travers quelques-uns de ses films : César et Rosalie, Une histoire simple, La piscine… Ce ne sont pas forcement les meilleurs, mais dans chacun, la beauté de Romy, extérieure comme intérieure, rayonne et bouleverse.
Enfin, un dernier clin d’œil télévisuel à la Grèce, ou plutôt à la Crète, avec Zorba le Grec de Michael Cacoyannis, un film que je n’avais pas aimé à sa sortie en 1964, mais que j’ai revu avec bonheur, tant pour la force rude et cruelle des images, que pour la performance inoubliable d’Antony Quinn, la beauté muette d’Irène Papas, et ce sirtaki final, au son de la musique de Nikos Kazantzakis !
* Equateurs, France Inter