Édito de Septembre

 Après dix jours de voyage où j’ai bravé les mises en garde puisque faisant partie de ce qu’on appelle les populations à risque – mais n’atteint-on pas mon âge sans être à risque tous les jours ?– : je suis retournée, pleine d’usage et raison, vivre entre mes parents le reste de mon âge (désolée, mon cher Joachim Du Bellay, d’avoir faite mienne une de vos strophes en la modifiant légèrement). Eh bien ! Contrairement au poète je ne me suis pas sentie pleine d’usage et raison, mais plutôt emplie d’ exaspération en constatant que le monde qui nous dirige persistait à maintenir la population dans un effroi irraisonné, se jouant des chiffres et barèmes pour leur faire dire ce qu’il convenait de penser. Mettre un brin de nuances dans les nouvelles annoncées n’étant pas le fort de notre maître actuel de la santé, je ne peux que me remémorer Knock ou le Triomphe de la médecine que Jules Romain présenta à la Comédie des Champs-Elysées, le 15 décembre 1923, avec Louis Jouvet dans rôle principal, dont quelques-unes des répliques évoquent étrangement la situation actuelle :  « Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent ! » ou encore : « Car leur tort, c’est de dormir dans une sécurité trompeuse, dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie. ». Cette évocation de Jouvet me renvoie aussi au merveilleux film de Marcel Carné « Drôle de drame *» où Jacques Prévert met dans la bouche de Michel Simon/M. Molyneux cette phrase inoubliable : « A force d’écrire des choses horribles, les choses horribles finissent par arriver ». Et la réplique de Jean-Louis Barrault, le tueur de boucher, à la police ne vous évoque-t-elle pas l’attente de la seconde vague de la Covid-19 : « A force d’attendre les événements, ils arrivent ».

Pourquoi ne pas revisiter les plus souvent nos classiques, livres, films, poésies plutôt que de s’abêtir devant une information qui tourne en boucle et assène, toutes chaînes confondues, le même alarmisme exempt d’une analyse un tant soit peu nuancée ?

Alors que je m’exprimais avec une certaine réserve sur l’hypermédiatisation des précautions que le gouvernement continuait à mettre en place pour tenter de nous protéger de la Covid 19, les éléments se sont déchainés au-dessus de nos têtes, et des plus diluviennes ont, en quelques instants, dévasté les magnifiques vallées des Alpes-Maritimes, semant la désolation  parmi leurs populations.

Il n’y a pas une hiérarchie des drames, seule la communication les contrôle à sa guise…

*Drôle de drame est à voir et revoir intégralement sur YouTube

 

Cet article comporte 5 commentaires

  1. RENOUVIN

    La lame de ton regard est toujours bien aiguisée Hélène. Bon coup d’œil sur notre condition!

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      ton écoute est fine aussi !

  2. Hélène Jourdan-Gassin

    merci

  3. Maciotta Micaela

    Brava Hélène,
    Formidable cet article… il dit tout avec ces sous-entendus…
    Merci,j’ai appris beaucoup sur l’art juive contemporaine.
    On a de la chance d’avoir toi à. NICE !!!!
    Dommage que la ville est fermée et provinciale.
    Je t’ embrasse et je te remercie Micaela

  4. Hélène Jourdan-Gassin

    merci Micaela je n’avais pas lu ton commentaire encore !

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