Enrico Navarra n’est plus
« Gagner du temps pour pouvoir en perdre et rire autour d’une partie de cartes en offrant à tous des verres de rosé ». Telle était sa devise.
Personnalité chaleureuse et originale, grand amateur d’architecture, il a défendu des artistes comme Keith Haring, Zao Wou-ki, Bernar Venet mais surtout le travail de Jean-Michel Basquiat auquel il a consacré un important ouvrage. Il est mort le 21 juillet, à l’âge de 67 ans.
Tel est le début de portait que Le Monde fait d’Enrico Navarra qui le résume bien, comme cette photo avec ses éternels barreaux de chaises qui ne sont sans doute pas innocents par rapport à l’emphysème qui l’a emporté.
Vous trouverez en lien deux portraits de ce grand marchand, mais c’est, comme j’en ai maintenant l’habitude, une petite anecdote personnelle que je vais raconter ici pour évoquer sa mémoire.
J’ai connu Enrico Navarra il y a très longtemps, alors qu’il n’était pas encore galeriste, mais qu’il s’occupait de mobilier contemporain. Bien plus tard, j’ai appris sa renommée de galeriste et notamment comme un des découvreurs de Basquiat et de Keith Haring.
Durant mes années new-yorkaises je visitais souvent, avec mon ami américain, la belle galerie de Tony Shafrazy le samedi à Chelsea comme tout habitant de la Grosse Pomme intéressé par l’art. Tony Shafrazi avait d’époustouflants accrochages notamment de Keith Haring, et son accueil était toujours des plus chaleureux. Mon ami et moi, nous étions les voisins d’Enrico Navarra au Muy et je me souviens d’un dîner d’été, en petit comité, donné pour l’arrivée de Tony Shafrazi, l’ami fidèle. A l’exception de nous quatre et d’un jeune marchand parisien dont j’ai oublié le nom, il y avait deux beautés romaines… Je m’étais dit que Navarra, décidément, savait recevoir ses amis. Cela avait été, comme l’a dit Navarra au journaliste du Monde, gagner du temps pour pouvoir en perdre, autour d’un verre de rosé !
http://www.artnewspaper.fr/news/disparition-du-galeriste-enrico-navarra
https://www.gazette-drouot.com/article/enrico-navarra-soutien-fidele–de-basquiat/3294