Jardin Alsace-Lorraine à Nice
Jardin Alsace-Lorraine à Nice

Jardin Alsace-Lorraine –

Je vous ai prévenu, dans ma nouvelle rubrique pêle-mêle, je m’autorise à vous raconter ce qui me tient à cœur ou me passe par la tête, tout dépend de la partie de mon être irriguée à l’instant ou j’écris…

C’est plutôt le cœur qui parle cette fois, pour vous raconter une histoire qui, comme toutes les histoires, commence par : il était une fois, une enfant qui vît le jour dans un quartier idyllique de la belle Ville de Nice, appelé le Mont-Boron. Elle y grandit jusqu’à ce qu’un vaillant chevalier l’épouse et l’emmène  down town, comme disent le new-yorkais, dans un autre secteur de la ville, plus globalement nommé quartier des Musiciens, où quelques belles résidences bordaient un luxuriant jardin appelé Alsace-Loraine. Planté d’arbres plusieurs fois centenaires, cet espace était le cœur du quartier où les enfants venaient s’amuser et les vieillards se reposer.

Au 4, jardin Alsace-Lorraine

Notre nouvelle habitante qui n’avait pas tardé à devenir mère de famille, y conduisit ses enfants, dès leur plus jeune âge, les confiant à une dame que tout le quartier appelait Madame Germaine, et qui couvait d’un œil tendre et perspicace de gallinacée, la kyrielle de gamins qui lui étaient confiés et qui s’ébrouaient dans le bac à sable, proche du banc de la dame, que personne n’aurait osé occuper à sa place. Ne négligeant pas la moindre dispute, la moindre crise de larmes, le moindre éloignement d’un de ses poussins, Madame Germaine était là pour cajoler ses petits, panser leurs égratignures, sécher les pleurs et distribuer des friandises à l’heure du goûter.

Habitant l’immeuble qui surplombait cette garderie de plein air, notre mère de famille pouvait observer de son balcon le monde de Madame Germaine, à la fois amusée et rassurée par la maîtrise affectueuse avec laquelle cette femme gérait ce petit monde. Il n’y eut jamais de confit, pas le moindre accident, pas la moindre plainte de parents tatillons, leur confiance étant totale en cette maîtresse femme. Voilà le balcon de l’observatrice qui n’est autre que moi –vous l’avez compris – et le banc de Mme Germaine, qui hélas est vide aujourd’hui. Le bac à sable a lui aussi disparu, ce qui n’est pas un mal tant les chiens du quartier, la nuit, appréciaient son pouvoir absorbant et à la place, une aire de jeu clôturée, est offerte aux enfants…

le banc de Madame Germaine

Pourquoi ce petit conte citadin ? Parce que le Jardin Alsace-Loraine, longtemps fermé pour cause de travaux du tramway, a retrouvé sa splendeur. Il est tronqué, certes, d’un espace réservé à la sortie de station souterraine du métro niçois, mais habilement construit pour laisser à l’ensemble son aspect luxuriant ! Le Maire de Nice, Christian Estrosi, l’a présenté aux les habitants du quartier, et il sera enfin ouvert lors de l’inauguration de la Station Alsace-Lorraine le 28 juin 2019.

P.S. : Si j’aime à voir ma Ville embellir de jour en jour, cela ne m’empêche pas de m’insurger contre la disparition de divers lieux culturels ou populaires, ici le marché de la Buffa qui n’en finit pas de mourir, par la bêtise et les magouilles de quelques politiques* qui promirent monts et merveilles à ces commerçants qui, pour certains, crurent ces balivernes et s’accrochèrent à l’espoir de le voir renaître. Il était le cœur battant de ce quartier Gambetta, un lieu de rencontre et de mixité ; les architectes y faisaient une fête, les copains y buvaient des coups, de luxueuses berlines s’arrêtaient pour son poisson frétillant, sa viande, ses fromages, ses fruits et légumes et son inoubliable marchande d’herbes…

Malgré un futur qu’on nous promet enchanteur, fini tout ça et rien ne remplacera La Buffa, à moins qu’enfin, la Ville refuse cette mort programmée pour faire éclore, à nouveau, un vrai marché !

* Sous l’ancienne mandature.

Cet article comporte 10 commentaires

  1. Una Liutkus

    Merci Hélène d’avoir raconté l’histoire de Madame Germaine et de son bac de sable ! Pour le marché de la Buffa, c’est une épouvantable agonie ! J’y joins les drames de à ceux de la Libé et de la rue Bonaparte.

  2. Roberto Marhuenda

    Bonjour Lola
    J ai appris les qualités de madame Germaine qui aimait les enfants
    J’ai toujours apprécié ce jardin pour ces beaux et rares plantations
    Je vais aller voir si mon plaisir est toujours le même
    Bisous
    Roberto

  3. Gérard Giblin

    Chère Hélène,
    J’ai apprécié ton doux sarcasme à propos du Nice Matin!
    Ton texte sur Madame Germaine est très beau et touchant.
    j’ai hâte de visiter l’expo sur Ben et de retourner à la fondation Maeght.
    À bientôt,
    Gérard

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      Je vous attends tous deux.

  4. De la Châtre

    Émouvante description de ce jardin et du quartier je me souviens aussi du magasin de friandises sur le boulevard Gambetta amitiés

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      oui, c’était délicieux, merci de me lire .
      Amitiés

  5. vautier

    j’y ai emmené Eva avec la maman de Ben qui habitait rue Chateauneuf j’adorais ce jardin ses arbres
    et eva revenait du bac à sable avec Dickie (chienne teckel que Ben avait échangée avec Francis Mérino qui avait débarqué chez nous avec une énorme voiture américaine et un tout petit chien
    que Ben a voulu tout de suite) Je regrette quand même un peu l’ancien jardin. Par contre je déteste les grilles dont tous nos jardins sont flanqués avec des piques qui ont pu être mortelles pour des escaladeurs
    j’adore te lire et ce matin c’était la bonne surprise ton blog en ligne avec la belle photo de Celant
    amitiés
    annie

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      merci Annie, j’aime ta façon de me lire! Bises et vite une rencontre à nouveau

  6. Florence MOREAU

    Quel plaisir de vous lire.
    J’ai retrouvé grâce à vous le prénom de Germaine ,cette personne à qui ma mère me confiait lorsque j’étais toute petite .Cela fait partie de mes premiers souvenirs.J’adorais jouer dans le bac à sable qui reste pour moi comme une madeleine de Proust.
    Je garde l’image de Germaine largement installée sur son banc mais aussi celle de la cabane du jardinier qui dans notre imaginaire était un personnage effrayant avec son balai…
    Je cherche des photos de ce jardin à cette époque mais ne retrouve pas mon bac à sable…
    Quel dommage…
    Florence 64 ans

    1. Hélène Jourdan-Gassin

      Vous avez du croiser mes fils qui ont aujourd’hui 59 et 60 ans. ils été aussi gardés par Mme Germaine… j’habitais juste au dessus du jardin, au 4 jardin Alsace-Lorraine et je surveillais mes enfants du balcon. Je regarderais mes photos mais je n’ai pas le bac à sable …le temps se traverses avec bonheur parfois…

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