
la FIAC, dans le désordre…
















Pourquoi ce titre ? Parce qu’il est difficile de faire le tri parmi tous les événements que cette semaine parisienne offre à ce que les autochtones appellent les provinciaux ! Et plus encore, il faut le faire vite, car de retour sur ma terre provinciale, j’ai découvert une exposition délicieuse, Rozenn Veauvy & Simon Bérard, à la Galerie de la Marine, un lieu sur lequel j’entends des rumeurs de disparation (pour mettre des restaurants à la place, quelle aberration !).
Mais revenons à nos moutons, je digresse, je digresse …
Comment ai-je trouvé la FIAC ? me demande-t-on… J’y répondrai par la pièce de John Armleder :
« Plus ça change plus c’est la même chose », un aphorisme qu’on pourrait aussi appliquer aux œuvres de l’artiste. Mais pour vous donner une idée un peu plus large, j’ai mis en tète de mon article une galerie de tableaux. Cet exercice a été rendu possible grâce au coffret qu’a proposé la FIAC cette année, au même prix que les catalogues des années précédentes, mais sous forme d’une édition numérotée regroupant une image pour chaque galerie, avec légende au dos, donnant le nom de l’artiste, le titre de l’œuvre, ainsi que la liste des artistes soutenues par chacune des entités regroupées dans l’ouvrage. C’est un bel objet à garder dans la bibliothèque, son seul défaut, son poids, plus que 4 kilos, à transporter dans le traditionnel sac de la FIAC ! Avant de me lire (si vous le faites), vous pourrez consulter les quelques œuvres qui ont retenu mon regard dans ce document, mais je ne les ai toutes repérées sur la Foire, et là me vient une interrogation déjà posée sur Art Basel et ailleurs : pourquoi les œuvres que les galeries choisissent pour les représenter sur les catalogues des foires ne sont pas obligatoirement sur les stands ? J’ai ma petite idée là-dessus, mais un autre éclairage serait le bienvenu !
Comment ai-je trouvé la FIAC, donc ? Eh bien, comme un grand marché, hors de prix, en tout cas pour ma bourse, et pas particulièrement passionnant, même au premier étage où l’on doit, parait-il, trouver l’oiseau rare…
Trois pistes de lecture m’ont paru marquantes : d’abord la place importante faite au textile (déjà présent l’année passée avec Sheila Hicks, notamment), puis à la terre (clay) , parfois sous forme de vases à l’aspect traditionnel … A ce sujet je me souviens d’une anecdote assez croustillante : alors que je présentais, avec Gérard Rignault dans notre galerie Sans-Titre, à Nice dans les années 80, Bernard Dejonghe, un des meilleurs céramistes français, un artiste de la mouvance Supports-Surfaces m’avait interpellée : « Pourquoi ces artisans ne se contentent-ils pas de faire des pots au lieu de vouloir jouer les artistes avec des formes abstraites ? » Les temps ont bien changé et aujourd’hui, Chez Victoria Miro* Londres, Grayson Perry ne s’embarrasse pas de cette dichotomie ; il inscrit des aphorismes étonnamment subversifs sur de magnifiques pots alors que Liz Larner, Regen Projects*, Los Angeles, propose de belles coulées de céramique ! Enfin troisième tendance presque ignorée dans le catalogue, mais omniprésente sur la foire, dans des galeries internationales : l’animal ! On le trouve sous toutes ses formes, sympathique, effrayant, mythique, familier… A croire que les petits chats qui envahissent Facebook aujourd’hui ont finalement fait tache d’huile …
Après ces considérations, ma visite sur terrain s’illustre par des images saisies sur le vif par la photographe Mary Russel (voir les soirées autour de la FIAC), mais aussi par mon reporter mystère et moi-même…
En premier lieu, figure ce que je nommerai du mot idiot de « coup de cœur » car je n’en trouve pas d’autre, l’œuvre de Stephane Calais présentée sur la foire et en galerie par GDM*, Paris. N’étant pas vraiment en fait de la nomenclature des jeunes artistes français, ni du calendrier du Palais de Tokyo, j’ai découvert ce plasticien et aimé son travail où les signes et les couleurs s’organisent selon un ordre inédit, frais, sensible… Remarquable aussi l’œuvre de Thu Van Tran, présentée par la galerie Messen De Clercq*, Bruxelles, au Petit et au Palais Grand, ainsi qu’au Centre Georges Pompidou pour le Prix Duchamp de l’ADIAF. Avec le bois de Yugh Hayden, Clearing*, Brooklyn, s’achève mon parcours découvertes au premier étage de la FIAC…
Dégagée du désir d’acquérir puisque mon porte-monnaie me l’interdit, je me suis ensuite attardée au rez-de-chaussée du Grand Palais pour y retrouver les Américains incontournables, Warhol, Basquiat, Jim Dine Carl Andre …, mais aussi les Européens : Picabia, Fontana, Hartung, Alechinsky et depuis peu, Viallat, Buraglio etc., nos supports-surfaciens remis sur la sellette par la galerie Ceysson & Bénétière*, Paris. Pas très nouvelle cette liste, j’en conviens, c’est pourquoi je vous invite à découvrir avec moi la folie animalière qui s’est emparée de la FIAC, cette année ! D’abord chez Kamel-Mennour*, Paris, Matthew Lutz-Kinoy nous offre une vision mythologique de la bête, alors Theaster-Gates nous propose ses masques (céramique) chez Regen Projects, Los-Angeles *. Avec Carsten Höller, chez Massimo De Carlo*, Milan, nous abordons la pieuvre avec amour ou détestation, comme chez Alfonso Artiaco*, Naples, avec Michel François (céramique)… Je pourrais encore aller plus avant dans mon bestiaire, mais je crois que la démonstration est faite ! Comme on ne peut pas tout faire entrer dans une thématique, j’aimerais citer l’œuvre très signifiante d’Ibrahim Mahama, chez White Cube, Londres et les petits tableaux de Gideon Rubin, présentés par Karsten Greve*, Paris, tout simplement parce que c’est la peinture que j’aime !
Sites des galeries mentionnées dans l’article : galeriedemultiples.com ; messendeclercq.be ; c-l-e-a-r-i-n-g.com ; whitecube.com ; victoria-miro.com ; regenprojects.com ; massimodecarlo.com ; kamelmennour.com ; alfonso.artiaco.com ; galerie-karstern-greve.com
Nota bene : j’ai parlé d’événements autour de la FIAC, j’y viendrai peut-être dans un prochain article, mais aujourd’hui le temps me manque et la fin du mois approche !