Aki  Kaurismäki "De L'autre Côté De L'espoir"
Aki Kaurismäki "De l'autre côté de l'espoir"

L’Autre côté de l’espoir, d’Aki Kaurismäki

Dans son film au beau titre L’Autre côté de l’espoir, Aki Kaurismäki ne cherche pas, comme on pourrait le croire, à peindre une Europe hostile au malheur des réfugiés. L’autre côté, pour les personnages de Kaurismäki, c’est à la fois l’espérance déçue par rapport à leurs rêves, et la découverte d’un monde leur offrant une réalité bancale peut-être, mais différente et plus riche que ce qu’ils auraient pu imaginer.

Après  Le Havre  et  L’Homme sans passé, le cinéaste finlandais sonde avec la même intensité décalée une humanité qu’il regarde sans complaisance, mais avec une immense tendresse.

Je vous donne le thème : nous sommes à Helsinki. Deux destins se croisent. Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant. Khaled est quant à lui un jeune réfugié syrien, échoué dans la capitale par accident. Il voit sa demande d’asile rejetée mais décide de rester malgré tout. Un soir, Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant. Touché par le jeune homme, il décide de le prendre sous son aile.

Le restaurant

Mais détrompez-vous, malgré la gravité du sujet le film est éminemment burlesque, notamment les métamorphoses successives du restaurant… Il est bien sûr question de solitude, de social et de politique, thèmes que le cinéaste finlandais aborde avec son habituel sens de l’observation, mais dans une absence totale de jugement, simplement une peinture de gens dont la vérité est tellement flagrante qu’elle nous laisse souvent stupéfiés.

Si j’emploie le terme peindre pour évoquer les images de Kaurismäki, c’est que déjà dans L’Homme sans passé, dans Le Havre ou encore dans cet étonnant film de 1989, Ariel, un road-movie dans une Finlande d’une beauté déprimante, j’avais été frappée par le sens esthétique de chacun des plans où les objets, comme des acteurs, avec leur couleur, leur caractère, jouent leur partition avec une précision remarquable. Quant à la palette de Kaurismäki elle est vraiment celle du peintre ; ses rouges sont carmin, ses verts sont émeraude, ses bleus sont ciel ou roi avec, de temps en temps, quelques touches d’un jaune éclatant ou d’un gris velouté…

Kaurismäki sauve de leur laideur et de la grisaille les lieux les plus déshérités pour leur donner une autre vie, pour montrer cet autre côté de l’espoir…

Image magnifique que ces deux grues noires déversant dans la nuit un tas de charbon d’où émerge Khaled, réfugié syrien !

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