Le Proces Goldman

Le procès Goldman de Cédric Kahn

Avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié, Nicolas Briançon…

Sortie le 27 septembre 2023

1h56

Synopsis

Arieh Worthelter

En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense.

Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

Le réalisateur scénariste et acteur Cédric Kahn signe avec «Le procès Goldman» sa quatorzième réalisation après ses précédents succès «L’ennui» en 1998, «Roberto Succo» en 2001, «La prière» en 2018 ou «Fête de famille» en 2019.

Prenant le parti pris de faire un huis-clos autour du deuxième procès de Pierre Goldman, personnage emblématique des années 70, revendiquant son statut de révolutionnaire d’extrême gauche, Cédric Kahn s’est attaché au caractère particulier de cet homme qui ne cessera de clamer son innocence dans l’assassinat des deux pharmaciennes. Juif d’origine polonaise, il sera défendu par tous les intellectuels de gauche de l’époque. Il amplifie sa notoriété lorsque durant sa détention, il publie son autobiographie. Pour ce deuxième procès ultra médiatisé, on trouvera dans le public Simone Signoret et Régis Debray, ancien camarade de guérilla en Amérique du Sud, tous deux venus le soutenir ainsi que toute sa famille dont son demi frère le tout jeune Jean-Jacques Goldman. Cédric Khan réalise le portrait d’un homme fascinant.

La mise en scène très épurée de Cédric Kahn souligne la temporalité par la pâleur et le grain de l’image rappelant les films de Claude Sautet ou de Jean-Pierre Melville, resserrant son propos à l’essentiel dans un format carré (4/3). L’unité de lieu n’empêche pas la stylisation de l’image; soulignée par les nombreux détails projetant immédiatement le spectateur dans les années 70.

La force du film est d’avoir fait de ce film de procès, un film haletant dans lequel on attend le verdict au même niveau que les jurés. La parole y prend toute son importance. C’est un film qu’on écoute. L’idée est d’assister à un procès et non pas de voir un film. On réagit en direct à ce qui se dit, aux plaidoiries de défense et de toutes les accusations.

Sans doute du fait que Cédric Kahn fasse partie des acteurs réalisateurs, il donne une grande importance à ses comédiens. Il soigne particulièrement son casting dénué de réelles vedettes et ça n’importe guère. La performance d’Arieh Worthelter qui incarne Pierre Goldman est impressionnante face à Nicolas Briançon, grand comédien de théâtre, jouant l’avocat Garraud et Stephane Guérin-Tillié, le président. Tous ont des partitions denses. Pour interpréter le jeune Georges Kiedjman, disparu récemment, Cédric Kahn a fait appel à un alter ego acteur scénariste en la personne d’Arthur Harari, co-scénariste de «Anatomie d’une chute», autre film de procès. Légèrement hésitant dans sa première scène, laissant apparaître des tics de diction, il s’affirme une fois franchi les portes du tribunal dans une joute à plusieurs voix qui fait mouche dans son combat pour défendre son client. Il doit lutter bien souvent contre les propos de Goldman, qui se discrédite dans ses provocations envers la police et la justice dans son ensemble. Ariel Worthalter semble littéralement habité par son personnage, dont le regard perçant traverse l’écran.

Arthur Harari

La presse de l’époque s’est enflammée pour «Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France» le livre que Goldman, écrit en détention. Kahn va centrer le propos de Goldman autour de la question juive et de ces enfants de la shoah. On entend la révolte de cet intellectuel insoumis et surtout de la fascination qu’il suscite à son écoute. Sa verve et ses emportements sont comme des uppercuts qu’il assène à toute l’institution judiciaire et qui fascine. Au grand dam de ses avocats, si il clame son innocence dans le meurtre de ces femmes, se pose en victime, il n’est cependant pas inerte, il est véhément, attaque violemment ces interlocuteurs.

Cédric Kahn prend le risque de transformer pour le cinéma un tribunal en arène, et de ne jamais user de subterfuges, de flash back ou autres pour resserrer son propos dans un seul et même lieux. Le personnage de Goldman fascine, pourtant il n’est pas pour autant sympathique. Son discours fait mouche et emporte l’adhésion générale. Cédric Khan offre un film sobre et âpre autour du thème de la justice qui ne laisse jamais indifférent.

Isabelle Véret

 

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