Louis Cane – Heureux comme les couleurs en France.
Bien silencieuse ces derniers temps sur ce qui s’est fait dans les arts plastiques à Nice et ses environs, parce qu’un peu lassée de ces discours où l’artiste, ou ses répondants, nous parlent de ce que nous voyons et que nous appelons vulgairement peinture, puisqu’il s’agit d’une surface colorée obtenue par diverses interventions, des plus conventionnelles aux plus complexes, et dont le résultat parfois sollicite positivement notre regard, et osons le mot, nous séduit, pour brider ce bonheur simple d’aimer, au bénéfice du culte du nouveau à tout prix, en nous en livrant la recette, c’est-à-dire le processus qui a produit le phénomène.
Rien de tel, dans le choix qu’a fait Louis Cane en privilégiant deux moments de son parcours créatif, les résines et les Nymphéas, qui nous donnent un instant de bonheur par la rencontre que le peintre, tel l’alchimiste, ordonne aux couleurs.
Dieu sait pourtant si Cane a été un théoricien, lui qui avec Daniel Dezeuze, Patrick Saytour, Noël Dolla, Claude Viallat a tant questionné la peinture pour, en 1969, l’enfermer dans cette définition du mouvement Supports/Surface, qui a été le leur : « La peinture est un fait en soi (…).Il s’agit de la simple mise à nu des éléments picturaux qui constituent le fait pictural (…) ».
A partir de ce point de vue radicalement conceptuel, Cane a entreprit un heureux voyage à travers la couleur et mis au point des techniques nouvelles entre peinture traditionnelle et sensations plastiques. J’emprunte à Pauline Pavec les mots pour définir ce cheminement : « Du figuratif à l’abstrait, de la jubilation colorée de Fra Angelico à la touche expressive de Vélasquez, l’artiste teste toutes les possibilités des beaux arts. Il met au point dans les années 2000 les résines, peintures dont un fin grillage immergé dans les couleurs acidulées remplace le tissu apprêté.
Translucides, les résines semblent, pour l’artiste, dévoiler la sensation brillante des sucres d’orge dans des bocaux. De l’œil au goût, ces pièces sont les représentations d’un plaisir enfantin. (…) .»
Ce plaisir enfantin me renvoie aux improbables machines à barbe à papa de Vivien Roubaud (voir l’article dans mon blog) et leurs incroyables filaments sucrés, preuve s’il en est que les discours sont bien souvent superflus, que des ponts sont jetés entre les artistes, bien au-delà des mouvances et des époques, et que l’idée forte fait toujours son chemin vers nos émotions.
Six ou sept grandes toiles et de plus petits formats sont exposés galerie Helenbeck du 3 juin au 20 août 2017.
6, rue Defly – Nice.
http://www.helenbeck.fr