Matisse – Métamorphoses, Musée Matisse

Vernissage le jeudi 13 février 2020, à 11 heures.
Exposition du 14 février – 4 mai 2020

Pour la première fois en France depuis les années soixante-dix, le musée Matisse de la Ville de Nice consacre une exposition à la sculpture d’Henri Matisse, une part importante de son œuvre encore trop méconnue.

Le projet Matisse Métamorphoses, initié par le Kunsthaus Zurich, a naturellement trouvé un écho favorable auprès du musée Matisse dont les collections sont historiquement constituées d’un riche ensemble de sculptures issues de la collection Jean Matisse.

Malgré quelques expositions méritoires – organisées dans les décennies qui ont suivi son décès – sur l’œuvre sculpté du maître français, ses sculptures n’ont pas aussi fortement marqué le grand public que ses peintures et ses papiers découpés. Elles sont restées longtemps dans l’ombre de son œuvre peint.

Il est aujourd’hui hors de doute que le modelage en argile et le travail en plâtre occupent une place importante à côté de son travail de peintre, de dessinateur, de graveur et d’illustrateur de livres. Sur le rôle que ses sculptures jouent dans l’ensemble de son œuvre, en revanche, les opinions divergent. Pour de nombreux connaisseurs de Matisse, elles revêtent la signification « d’études privées » au service de sa peinture. C’est ainsi que la création des Nus de dos a été considérée en rapport avec ses grands formats réalisés en 1909-1910, 1913-1917 et 1930. On sait que Matisse lui-même a contribué à cette appréciation, par des déclarations dans lesquelles il qualifie ses sculptures de « complément d’études », en soulignant qu’il avait « fait de la sculpture comme un peintre1 ». Mais l’artiste a fait ces déclarations vers la fin de sa carrière, alors que la sculpture ne jouait plus un grand rôle pour lui ; elles sont donc à relativiser. Si le travail d’un artiste avec un médium constitue une inspiration pour le travail effectué en parallèle avec un autre, et qu’il y a donc interaction entre les genres, il ne faut pas non plus perdre de vue que la pratique de la sculpture a largement contribué à l’élaboration de sa méthode, ce que l’exposition entend précisément sonder.

Progression formelle : la méthode de Matisse
L’exposition porte essentiellement sur la méthode artistique que Matisse a appliquée pour quasiment toutes ses principales sculptures : la progression formelle dans Nu de dos (I-IV), qui mène d’une mise en forme presque naturaliste jusqu’à une tournure radicalement stylisée, se retrouve aussi dans Nu couché (I-III), Jeannette (I-V) et Henriette (I-III). La reprise du même motif, que l’artiste, en forçant l’abstraction et la stylisation, déforme de plus en plus d’une version à l’autre, est un trait caractéristique de sa sculpture. D’un côté, Matisse explicite ainsi les différentes étapes du processus créatif d’une figure donnée, qui, dans le cas du Nu de dos (I-IV), pouvait durer plus de vingt ans. D’un autre côté, il ne s’agit pas là d’une série cohérente, comme on pourrait d’abord le présumer, mais de sculptures à part entière qui correspondent chaque fois à un « état » abouti dans son élan créatif.
Ce processus de transformation est aussi tangible dans la peinture de Matisse : à partir du milieu des années 1930, l’artiste fait faire de ses tableaux des photos qui illustrent les différents états tout au long de la réalisation. Des parallèles existent avec ses dessins et ses derniers papiers découpés, notamment dans les Thèmes et variations que l’artiste a créés en 1941-1942 et publiés en 1943. Dans 17 suites composées de 158 dessins, Matisse a varié différents sujets et fixé de cette manière les « états » de son processus de création, lequel cependant n’évolue pas ici au sens d’une progression. Chaque dessin est certes en rapport avec d’autres mais existe aussi par lui-même.

Outre la méthode artistique de Matisse, l’exposition portera sur d’autres éléments marquants qui caractérisent les sculptures de l’artiste. Les sources d’inspiration : l’intérêt de Matisse pour Rodin, Michel-Ange et l’art de l’Antiquité a déjà été abordé dans différentes expositions. En revanche, aucune ne s’est jusqu’ici suffisamment arrêtée sur l’étude approfondie que l’artiste a menée à partir de photographies trouvées dans des revues telles que Mes Modèles, L’Étude académique et L’Humanité féminine, ou à partir de modèles africains (principalement de l’Afrique centrale et de l’Ouest). L’exposition prendra appui sur une publication pionnière, à savoir celle d’Ellen McBreen, Matisse’s Sculpture. The Pin-Up and the Primitive (2014). Les principes formels : un des principes formels qui sous-tend bon nombre de sculptures de Matisse est celui de la sinuosité, ou ce que l’artiste appelait « l’arabesque ». Elle est présente dans des œuvres majeures comme Nu couché (I-III), La Serpentine, Figure décorative, mais aussi dans Nu de dos (I). Mais dans la sculpture, le langage formel de Matisse est aussi marqué par une simplification des formes, par une réduction à l’essentiel, qui conduit d’une part à une déformation de la figure et d’autre part à une disparition des traits sexuels distincts. Matisse à l’œuvre / photographies : en dehors des photos d’Eugène Druet, Edward Steichen, Brassaï, Alvin Langdon Coburn, Hélène Adant et autres, qui montrent tantôt Matisse sculptant tantôt ses sculptures, l’exposition donnera également à voir les clichés dit « in progress » de ses peintures qui illustrent le processus de travail de l’artiste.

Une exposition conçue en partenariat avec le Kunsthaus Zurich

Commissariat : Sandra Gianfreda, conservateur, Kunsthaus Zurich
Claudine Grammont, directrice, musée Matisse Nice

164, avenue des Arènes de Cimiez – Nice

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