Monsieur et Madame Adelman
Je remarque avec surprise que mon dernier compte rendu de film date de plus d’un an, le 10 avril 2016 exactement ! Est-ce à dire que depuis cette date je n’ai pas été une seule fois au cinéma, heureusement non, mais je dois avouer que mon assiduité s’est émoussée durant cette année passée ; pourtant au moins cinq œuvres auraient largement mérité une analyse et une vive invitation à aller les voir… Je pense à Alabama Monroe de Félix Van Groeningen, Moi, Daniel Blake de Ken Loach, Juste la fin du monde de Xavier Dolan, et à deux films qui annoncent un très grand et jeune metteur en scène dont nous n’avons pas fini d’entendre parler : Damien Chazelle avec son admirable Whiplash et en ce moment, son merveilleux La La Land*.
Ma reprise de contact avec les salles obscures m’a offert avec La La Land tout ce que j’aime dans le cinéma, le travail bien fait, la comédie musicale intelligente, la connaissance et le culte de Damien Chazelle pour les œuvres inoubliables de Jacques Demy, l’extraordinaire capacité des acteurs américains à être parfaits même dans des domaines qui ne sont pas les leurs… Je n’en dirai pas autant du le film de Nicolas Bedos, qui m’a tout de même réservé quelques bons moments et bons mots, mais tellement délayés dans un bavardage interminable et dans une mise en scène d’une regrettable platitude… Oui, les écoles de cinéma ne sont pas inutiles pour apprendre le métier, et tous ces humoristes, acteurs et autres vedettes des médias devraient y faire un stage, histoire d’éviter au cinéma français d’être envahi par des productions sans beaucoup d’intérêt, bien que grand public, mais pompant elles aussi des financements destinés à aider de vrais cinéastes…
Alors pourquoi, me direz-vous, parler de Monsieur et Madame Adelman ?
D’abord, parce qu’on en parle à Paris chez les potes des Bedos, et que j’avais envie de me faire une opinion, et puis parce que malgré tout, Nicolas Bedos sait écrire, être drôle et Doria Tillier, sa compagne et co-auteur du scénario, a ce talent aussi.
L’histoire, en elle-même, est plaisante : « Comment Sarah et Victor ont-ils fait pour se supporter pendant plus de quarante-cinq ans? Qui était vraiment cette femme énigmatique vivant dans l’ombre de son mari ? Amour et ambition, trahisons et secrets nourrissent cette odyssée d’un couple hors du commun, traversant avec nous la petite et grande histoire du dernier siècle. »
Voilà ce que nous dit le pitch. On serait prêt à marcher, mais pour moi, quarante-cinq ans de vie commune avec les Adelman, c’est vraiment trop long ! Malgré de bons mots (on rit) et certaines situations désopilantes comme l’écoute du psy, Denis Podalydès (le meilleur du film) ou le dîner chez les parents juifs de Sarah (n’est pas Woody Allen qui veut…), les scènes du couple se succèdent comme on enfile des perles ou plutôt des sketches, sans trouver la cadence qui rende crédible le récit.
De cette longue histoire d’un couple, racontée par Sarah, l’épouse, à un journaliste venu l’interviewer, on ne retient que des anecdotes, des moments, sans entrer dans une histoire qui aurait pu nous émouvoir, car la drôlerie n’a jamais empêché les sentiments. De ces derniers, finalement il est peu question, une lacune qui nous laisse à la porte de l’émotion !
* On appelle Los Angeles LA, La La Land ou encore Tinseltown.