Philippe Bresson, à l’assaut des sommets
On dit parfois de quelqu’un : « il est arrivé au sommet », celui d’une réussite, celui d’une création artistique, celui d’une vie ? Que cherche-t-on à exprimer, en réalité ? Les interprétations sont multiples ; est-ce l’absolu ? Et dans ce cas, comme le Graal, la chose n’est pas dans l’objet lui-même, mais dans sa quête. Questionnement métaphasique qui nous entrainerait trop loin mais qui n’est pas cependant étranger à la démarche de l’artiste en général et de Philippe Bresson en particulier. Comme l’alpiniste auquel j’aime à le comparer, c’est un physique, un homme qui a la force en lui et la volonté de la rendre efficace. Il avance parce qu’il a ce but d’aller plus haut, et comme notre grimpeur, il suit son chemin qui est parfois aride. Il lui arrive de s’égarer sur une voie qui le retarde, mais il est déterminé, il sait où il veut aller, pas forcement comment, mais il a la volonté de continuer et il monte inexorablement. C’est la quête de l’artiste, même celui qui semble se satisfaire de sa réussite sait au fond de lui-même qu’un sommet n’est jamais définitif, car un autre bientôt va se dessiner à l’horizon, lui demandant une nouvelle conquête.
Philippe Bresson fait partie de ces chercheurs de sommets. Maître en ébénisterie, les bois les plus précieux n’ont pas de secret pour lui. Il les explore, les plie à sa guise, les oblige à parler un autre langage, afin que naissent des œuvres inattendues, d’une exceptionnelle virtuosité. Mais ce travail d’orfèvre, ne comble plus ses aspirations et la fibre artistique réveillée par cette quête de l’inatteignable, conduit Bresson à oublier son savoir faire pour explorer d’autres matériaux, d’autres formes, d’autres techniques qui l’amènent au-delà de la fonction, tables basses, luminaires, consoles etc., vers cette liberté dangereuse mais grisante qu’est la recherche artistique.
Si j’ai pris cette image de l’alpiniste cherchant à toujours aller plus haut jusqu’à vaincre l’impossible, c’est que Bresson avance comme lui. Il part seul, mais sur des sentiers qu’il connait, ceux de son savoir faire, pour s’aventurer, ensuite vers des plus rudes, des plus escarpés. Il n’est pas sûr de réussir, s’y reprend à plusieurs fois. Il y a des ratés, mais aussi de surprenantes réussites. Ce sont ces IPN franchement tranchées comme des branches, brutes ou lustrées qui viennent rencontrer d’autres éléments plus chatoyants, plus colorés, dans un conflit entre droites et courbes. Peu à peu la fonction s’éloigne pour laisser la place à un dessin dans l’espace, à une couleur jetée comme un coup de pinceau sur une toile.
Sculpteur et désormais peintre, magicien de la lumière, Philippe Bresson, s’il emprunte encore quelques chemins de traverse, trace sa route vers un sommet qui n’est qu’une étape parmi d’autres dans le parcours d’un créateur.
Dans ses sculptures récentes, Bresson, partant de matériaux déjà employés, IPN, tôles rouillées, bidons écrasés, explore de nouveaux éléments, tôles froissées, inox, entrelacs d’acier qu’animent des néons, traits de couleur sur la matière. Ainsi naissent des œuvres délicates, chatoyantes et d’une légèreté aérienne.
Les sculptures de Bresson sont exposées dans son show-room, au 54 et au 48 rue Beaumont à Nice. Il est aussi présent chez Laure Matarasso dans sa Librairie galerie, 46, boulevard Risso et à la Riviera Gallery, 2, rue du Congrès, Nice.
A Paris ses œuvres sont exposées par NAG No Art Gallery, 104, avenue Raymond Poincaré et galerie Daniel Hanemian, 91, rue Saint Honoré.
C’est très beau !