Satie152
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SATIE152 : exposition (d’ameublement) de Guignol’s band : Bataillard, Brandi, Everart

Kristof Everart, « Niche écologique », niche en bois, étais de chantier, laisse et collier, 2018

A qui et à quoi a-t-on affaire avec ces trois énergumènes qui depuis des décennies nous embarquent dans des aventures où nous ne savons pas à quel saint nous vouer ? Sont-ils Les Insupportables (nommés ainsi par Ben, si mes souvenirs sont bons), les protagonistes du Festival Manké (sorte de jeu de mot par rapport au Festival Manca), ou Guignol’s band *, ce groupe (les mêmes) qui aujourd’hui rend un hommage à Erik Satie pour son 152ème anniversaire, par une série d’œuvres inédites – photographies, créations numériques, objets, dessin dans l’espace sonore – invitant le visiteur à s’aventurer dans l’intimité d’un artiste : compositeur, pianiste, poète et bricolo, parmi les plus doués de son temps.

Cette exposition, sur les terrasses de la Villa Arson ainsi que dans une agréable salle attenante, est un événement en forme de performance comprenant : Gnossienne adaptée pour cornemuse et autres avatars, concert Satie par les élèves du Conservatoire, improvisations sportives et musicales, hommage aux chiens, au football, aux philosophes, par Guignol’s band et ses invités : Daniel Boulle, Didier Bozzi, Henri Roger, Fabienne Volto.

Marcel Bataillard, série « Ironik Minimal », impression jet d’encre sur élément d’ameublement, 2018

Vous donner mon ressenti serait difficile car j’étais absente de Nice le 14 septembre 2018, jour de l’événement, mais si je me réfère au premier volet du Festival Manké 2018, après un master-class et concert en mars et juin au Conservatoire de Nice, où j’étais présente, cela a certainement du être une belle et burlesque réussite !

Actuellement l’exposition Guignol’s band demeure sur les terrasses de la Villa Arson, dans un périmètre en forme d’un grand U de couleur verte, mais surtout dans la galerie adjacente, où Marcel Bataillard et Kristof Everart ont réalisé un ensemble d’œuvres en référence aux préoccupations de Satie, petites sculptures pour Everart, photos et œuvres sur supports d’ameublement pour Bataillard, à l’exception de trois grands formats libres, Wall of Fame, portraits robots archétypaux de la contemporanéité.

Marcel Bataillard, série « Wall of Fame », tirage jet d’encre sur papier dos bleu, 2014

Grâce à l’environnement sonore créé par Frédérik Brandi, on baigne dans le climat poétique et étrange de Satie, cet artiste protéiforme dont les allusions, les déclinaisons, les codes ne nous sont pas forcement familiers.

Ayant, moi-même, besoin d’être éclairée sur le pourquoi de certains objets artistiques, je ne peux que vous engager à vous laisser porter par cette évocation d’un artiste qui fut, à tort ou a raison associé au symbolisme, mais décidément inclassable et finalement reconnu comme précurseur de plusieurs mouvements, dont le surréalisme, le minimalisme, la musique répétitive, le théâtre de l’absurde…

Pour moi, en tout cas, sa musique est la plus énigmatique, le plus envoûtante et parmi les plus belles de ce début du XXème siècle.

« Erik sans lunettes », terre cuite sur acier, 2018 / Kristof Everart, « 3 danses de travers », série « Musiques froides », sérigraphie sur papier, 2018

Marcel Bataillard, Frederic Brandi, Kristof Evrard seront, le 14 octobre 2018 dans l’après-midi, sur les terrasses de la Villa Arson pour vous guider dans un univers très particulier, imprégné d’un humour et d’une poésie chers à Satie, et ce, depuis l’ascenseur de la Villa, habité par un environnement sonore de Frédérik Brandi jusqu’aux lieux de l’exposition.

*Guignol’s band : par ailleurs amateurs de « Grand-Guignol » (grandiloquent théâtre de l’épouvante du 19ème siècle) et surtout férus de littérature – « Guignol’s band » de Céline débute ainsi : « Braoum ! Vraoum ! C’est le grand décombre ! » – Marcel Bataillard et Frédérik Brandi n’eurent pas à chercher très loin pour trouver un nom qui définisse leur réunion en vue de bouillantes performances communes. Ils furent bientôt rejoints par Kristof Everart, qui ne pouvait rester insensible à tant de poésie. 

Clôture ce 14 octobre, de Guignol’s band, dans une atmosphère joyeuse et assez dense pour un dimanche après-midi de Villa Arson. Décidément ça fait du bien de rencontrer des artistes qui ne nous matraquent pas de théorèmes et théories, mais qui ont comme point commun le goût de la performance, mais aussi celui de la musique et de la littérature. ils nous ont gratifié d’un court concert et performance intelligents et drôles, où la dérision donnait à l’expression plastique une envolée, que la belle composition musicale de Frederick Brandi rendait plus légère encore !

Nota bene

A l’occasion de cette visite, j’ai pu découvrir dans les salles du Centre d’art, l’exposition « Los Angeles, les années cool – Judy Chicago », un événement marquant que j’ai hélas manqué et qui se révèle passionnant, tant esthétiquement qu’historiquement.
Judy Chicago, avec Marcia Hafif, John McCracken, Robert Morris, Bruce Nauman, Pat O’Neill et DeWain Valentine – commissariat, Géraldine Gourbe – est une exposition à la fois monographique et collective, qui mérite une longue et profonde attention, ce que je m’emploierai à porter dans le numéro d’octobre de mon blog.

« Los Angeles, les années cool – Judy Chicago »
Jusqu’au 4 novembre 2018
Villa Arson,  20 avenue Stephen Liégeard – Nice

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