Une histoire de Foire

François Léotard, Helene Jourdan-Gassin, André Barthe
Visiter deux des foires ou salons liés l’art sur à la Côte d’Azur montrent que le sujet reste pertinent et qu’aucune de ces manifestations ne remplit tout à fait, exception faite de Art Monte-Carlo dont la réussite financière semble remise en question par les galeries participantes, le rôle de vitrine de l’art pour les artistes contemporains, soutenus par des galeries dont c’est réellement le métier.
Au cours de mes récentes rencontres, j’ai eu à évoquer la Foire Art Jonction International que j’ai créé en 1986 et l’importance qu’elle a joué pour un milieu qui n’a pas mesuré à l’époque la chance qu’elle représentait pour l’art dans la région. Le vieil adage, nul n’est prophète en son pays, a malheureusement joué, mais j’ai appris que l’expérience tante à nouveau quelques individus qui voient dans un regroupement sélectif de quelques bonnes galeries l’envie de retenter l’expérience à Nice. Avec un financement conséquent, une sélection rigoureuse, un lieu propice, il me semble que l’entreprise est jouable à Nice à condition que la ville en voie l’intérêt, ce qui n’est pas gagné…/

Robert Rauschenberg, « Traverse » 1984, Leo Castelii
Le décès de François Léotard qui inaugura, en tant que ministre de la Culture et de la Communication, la deuxième session d’Art Jonction International, le 10 juillet 1986, à Nice m’a incitée, pour honorer sa disparition, à narrer cette ouverture prestigieuse de la Foire par un ministre de la Culture comme on en fait plus aujourd’hui, dont les connaissances, l’élégance, les qualités humaines donnèrent à cette première journée un lustre qu’elle eut du mal ensuite à conserver. Il faut dire que la barre était haute, un ministre, un directeur de l’Office Régional de la Culture, une responsable du Centre national des Arts Plastiques, vingt-cinq journalistes de la presse nationale et internationale, et surtout un plateau de galeries que Nice ne reverra jamais comme Léo Castelli, Marisa Del Re, Steinbaum de New York , Nab de Chicago ; quinze galeries italiennes, et une soixantaine de galeries françaises dont Denise René, Galerie de France, Lambert, Beaubourg, Baudoin-Lebon, Navarra, 1900-2000… et les trois meilleures galeries de la Côte d’Azur, Antonio, Sapone, Catherine Issert, Le Chanjour.
Mon but n’étant pas de réciter le catalogue d’Art Jonction que j’ai entre mes mains, j’ai plutôt envie de vous raconter l’anecdote qui a failli faire capoter cette belle manifestation.
On était en juillet sous une chaleur folle sans clim bien entendu. Sous la magnifique verrière du Palais des Expositions la chaleur montait car l’installateur de stands niçois (paix à son âme !) dépité d’avoir été remplacé par une entreprise lyonnaise plus raisonnable financièrement, n’avait rien trouvé de mieux que de bloquer les volets d’aération de la verrière du Palais.
L’avion de François Léotard ayant du retard, ce qui n’est pas rare avec les ministres, Jacques Médecin décida de ne pas l’attendre et c’est sans le Maire, mais avec le ministre de la Culture et de la Communication, en nage et avec le sourire, qu’Art Jonction fut inaugurée.
Les obsèques de l'ancien ministre François Léotard auront lieu mercredi 3 mai à Fréjus