Une visite à « Santo Sospiro » avec Les Amis Du MAMAC *.
Les Amis du MAMAC, comme tous les Amis des institutions culturelles de France et de Navarre, proposent à leurs membres des activités en rapport plus ou moins étroits avec la destinée des entités qu’ils soutiennent. Pour les Amis du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice, il s’agit de s’intéresser au Moderne – Jean Cocteau est à ranger dans cette appellation parmi d’autres artistes importants de la première moitié du XXème siècle – et à l’art contemporain en découvrant « Tattoo Sospir », une exposition/performance dont Eric Mangion, directeur de la Villa Arson, est commissaire, et qui réunit Pauline Curnier Jardin, Louise Hervé & Chloé Maillet, Arnaud Maguet, Linda Sanchez.
Mais pour nous, Amis du MAMAC, il s’agissait surtout de découvrir ou de revoir la Villa Santo Sospiro, extraordinaire nid poétique offert par Francine Weisweiller à Jean Cocteau pour s’y reposer une semaine, et où finalement, il resta onze ans. Proposée pour des visites privées jusqu’en juin – trois ans de travaux sont ensuite programmés – par l’actuel propriétaire, Ilia Melia, ce petit bijou que Jean Cocteau, épris de l’acteur Edouard Dermitte, va couvrir de fresques mythologiques, devient un temple de l’amour érotique, qui fait dire au poète : « Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau. »
Loin de moi, l’envie de vous relater par le détail cette sortie organisée par Francis et Francine Carrère, membres du bureau des Amis du MAMAC, tant la richesse de la Villa Santo Sospiro, nichée au cœur de l’incroyable presqu’île du Cap-Ferrat, tient à l’union d’une beauté inestimable de la nature avec l’incroyable imaginaire de Cocteau qui, s’il tatoua les murs de légendes olympiennes, Actéon, Artémis, Narcisse et autres divinités…, raconte avec délice une histoire très intime à laquelle participent son amant, Francine Weisweiller et son mari Alec, truffée de détails coquins où figurent certains excès que, selon la formule, la morale reprouve mais dont l’art se nourrit.
Et si l’on admire l’élégance du trait de ces fresque tracées au fusain et rehaussées de couleur, on est aussi profondément touché par ce qui habite la maison, le mobilier javanais, les tapisseries, les tables emplies d’objets, de photos, de bricoles, un bric-à-brac chargé de la présence fascinante et joyeuse de cette trilogie hors du commun.
Si je m’attarde sur le charme de la Villa Santo Sospiro, si profondément marquée par le génie de Cocteau, c’est que j’y ai trouvé une émotion que ne m’avait jamais donnée avec cette force l’œuvre plastique de l’artiste. Exception faite de ses écrits et de son cinéma dont je suis une fervente
admiratrice, j’avais, jusqu’alors, une certaine indifférence pour ses peintures, que je trouvais trop décoratives, sans profondeur, trop faites pour séduire, un sentiment que j’ai ressenti à nouveau face aux fresques de la Salle des mariages de la Mairie de Menton. Au Musée Cocteau, en revanche, la collection Séverin Wunderman passionne. Elle fait suite à un premier volet intitulé Démarche du poète, et y intègre les liens passionnels de Jean Cocteau avec la scène. Dès sa prime jeunesse l’artiste rêve de théâtre, éduqué en cela par ses parents qui fréquentent la Comédie-Française et l’Opéra. Ce nouveau parcours laisse la place au loufoque et à la comédie déconcertante, Parade et Les Mariés de la tour Eiffel, mais aussi à la danse, au cinéma…
* Les Amis du MAMAC ont cette année, comme les précédentes, une programmation riche en événements, expositions, conférences, visites, voyages…
Si vous désirez devenir membre contactez : LES AMIS DU MAMAC
Musée d’Art Moderne & d’Art Contemporain
Place Yves-Klein 06300, Nice.
Tél : 04 93 62 55 31– 06 08 42 96 31